Sun Yu-Li – Au commencement était le point

Singapourien d’origine taïwanaise, le sculpteur et peintre Sun Yu-Li mène une quête métaphysique dont ses œuvres, à la fois sobres et puissantes, sont les vecteurs.

C’est au bout d’une petite rue bordée d’un joli parc que Sun Yu-Li a installé son atelier, à l’étage d’une élégante bâtisse du 19e siècle posée au sommet de l’une des rares collines de Singapour. Il y reçoit ses visiteurs, toujours les bienvenus, animé d’une inaltérée passion pour son art et la quête métaphysique qu’il poursuit depuis plus de vingt ans.
Né à Nanjing, en Chine, Sun Yu-Li a grandi à Taiwan où sa famille s’installe dès 1949, après avoir fui le régime communiste chinois, alors qu’il est à peine âgé d’un an. Son père a deux passions : la politique – il y fera carrière –, et l’archéologie, à laquelle il initiera son fils. Sun Yu-Li poursuit aujourd’hui encore la collection entreprise par son père d’outils ou de monnaies remontant à plusieurs milliers d’années et témoins de notre évolution.
Cette passion est au cœur d’une recherche sur nos origines, intimement mêlée à son œuvre et menée depuis les années 1980. L’artiste s’appuie sur des références orientales fondamentales, parmi lesquelles le livre du I Ching, grand classique de la littérature chinoise, mais aussi sur l’étude de la topologie, la géométrie, la linguistique, la philosophie, voire de l’informatique. Dans sa logique, aux Yin et Yang ancestraux correspondent les protons et électrons modernes.

Photo Samantha Deman
Sun Yu-Li, 2009

Il joue avec le cercle et le carré
Il y a quelques années, Sun Yu-Li a mis au point ce qu’il appelle « un langage universel » – développé notamment sur son site internet – fruit de ses observations, analyses et réflexions, et dont l’élément source est le simple point. De ce point fondamental découle une ligne, puis un plan et enfin un volume. Ses toiles comme ses sculptures, aux formes et lignes épurées, ne sont autres que la traduction esthétique de ce langage et la concrétisation des idées de l’artiste. « J’aime à penser que mes œuvres sont à la sculpture ce que la grammaire est au langage », dit-il, pensif.
Avant de se consacrer à plein-temps à la création artistique, Sun Yu-Li a exercé le métier d’architecte pendant plus de dix ans. Il en a conservé la logique et le pragmatisme qui définissent son style unique et innovant. Il n’utilise pas d’argile pour préparer les moules de ses sculptures mais des feuilles de carton qu’il découpe et superpose, les agençant progressivement pour modeler le tout à l’image de ses pensées et sentiments les plus profonds. Sa volonté de façonner une œuvre point par point, couche par couche, est une manière de retourner à ces principes de base qui sont, selon lui, à l’origine de toute forme.
Il n’y a dès lors rien d’étonnant à ce que son matériau favori soit le bronze, dont les premières utilisations par l’homme correspondent aussi aux débuts de l’écriture et de la prise de conscience esthétique. Il joue aussi beaucoup avec le cercle et le carré, formes primitives par excellence. Mais si ses œuvres « portent en elles l’héritage du passé », elles ont également pour mission de convoyer cet héritage vers le futur. Cette quête du retour aux sources étant « indissociable, selon l’artiste, de l’élan dont aurait besoin notre civilisation pour continuer d’avancer ».

Sun Yu-Li, photo Samantha Deman
Vue du jardin de l’artiste, Sun Yu-Li, 2009

GALERIE

Crédits photos
Vue du jardin de l’artiste © Sun Yu-Li, photo Samantha Deman,Vue du jardin de l’artiste © Sun Yu-Li, photo Samantha Deman,Heaven & Earth © Sun Yu-Li,Vue du jardin de l’artiste © Sun Yu-Li, photo Samantha Deman,Eternity © Sun Yu-Li, photo Samantha Deman,Alpha & Omega © Sun Yu-Li,Sun Yu-Li © Photo Samantha Deman,Sun Yu-Li © Photo Samantha Deman