L’Europe s’est dotée d’un prix récompensant des projets artistiques impliquant sciences, arts et technologies. Ce Grand Prix nommé STARTS vient d’être remis au très prestigieux festival Ars Electronica, à Linz, en Autriche (voir notre article). A cette occasion, une exposition est dévolue à EDEN, le projet récompensé d’Olga Kisseleva dont nous avons recueilli les impressions à l’issue de la cérémonie de remise des prix.
ArtsHebdoMédias. – Que ressentez-vous au sortir de la remise des prix ?
Olga Kisseleva.- Je suis extrêmement heureuse d’avoir reçu le Grand Prix STARTS et d’exposer à Ars Electronica. C’est un événement et une institution des plus importants pour le domaine dans lequel je travaille, à savoir l’art et la science, l’art et les nouvelles technologies. Je suis fière qu’EDEN ait été primé d’autant que cette année la thématique du festival, le jardin, me touche particulièrement. Mon travail, qui s’intéresse depuis 10 ans aux arbres et à notre relation au monde végétal, est complètement en accord avec cette édition d’Ars Electronica. 120 jardins ont été activés partout sur la planète et sont à découvrir tant physiquement qu’en téléprésence. Le fait de présenter les œuvres ainsi résonne bien avec EDEN, pour lequel nous communiquons avec les plantes à distance. Communication que nous rendons visible ou audible pour le public. Une autre dimension de ce projet est la mise en relation des plantes entre elles alors même qu’elles se trouvent parfois à un continent de distance ! À l’instar du jardin planétaire d’Ars Electronica.
Le public français pourra-t-il bientôt découvrir EDEN ?
Oui, du moins une part. Une nouvelle installation sera présentée à l’Espace Electra, à Paris, à l’occasion de Courants verts, une exposition proposée par Paul Ardenne. Il s’agit d’une sculpture interactive communiquant avec une plante rare que l’on pensait disparue depuis plus de dix mille ans et dont quelques spécimens ont été trouvés récemment en Australie. Alors même que les déplacements sont restreints et qu’il est même impossible d’accéder à certaines régions du monde, EDEN met en exergue la valeur de la téléprésence, qui permet notamment de minimiser notre empreinte écologique en évitant de multiplier les trajets. Par ailleurs, je développe une nouvelle installation consacrée à l’écologie des images et aux possibilités de les transmettre et visualiser de manière à avoir un impact émotionnel à moindre coup énergétique et matériel.
EDEN se préoccupe aussi de nos villes ?
En effet, le projet s’intéresse à la restauration des plantes autochtones dans les villes européennes. Dans le cadre d’Ars Electronica, nous avons planté des végétaux natifs sur la place centrale de la ville, à l’architecture remarquable, près de la colonne de la Trinité qui a été érigée au XVIIIe siècle, remerciement de la population pour avoir survécu à différents fléaux et notamment la peste. La performance se voulait symbolique en ces temps de pandémie que nous espérons voir s’éteindre en rendant le monde plus écologique, moins agressif envers la nature, et finalement plus en harmonie avec elle. Pendant le confinement à Paris, nous avons pu expérimenter ce type de projet en réintroduisant dans les jardins parisiens des herbes et des fleurs originaires de la région. Nous avons entamé des recherches pour modéliser ce type d’intervention, à destination d’une sélection de villes européennes dont Bruxelles et Saint-Pétersbourg. Ces actions réelles et virtuelles seront présentées lors d’une exposition qui s’ouvrira à la fin du mois de septembre au Musée des beaux-arts de Bruxelles.
Pour en savoir plus sur le projet EDEN, cliquez ! Et encore.
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