« Grâce à l’art non-figuratif, nous ne reconnaissons plus ce que nous croyions connaître. Nous le découvrons ou le réinventons. Quelle chance pour ceux qui craignaient que tout ne fût dit ! », affirmait, en 1963, Jean Grenier (1898-1971) philosophe, écrivain et critique d’art. Ainsi dédié à l’abstraction et plus particulièrement à la peinture de la seconde moitié du XXe siècle, le musée de Niel ouvrira ses portes du 3 juin au 30 septembre et proposera chaque saison une nouvelle exposition thématique afin de mettre en lumière des courants artistiques particulièrement novateurs qui irriguent encore aujourd’hui la création contemporaine.
Son exposition inaugurale, Les Chemins de l’abstraction, fait dialoguer 17 peintres non-figuratifs avec Grenier, ami de Camus, qui fut professeur à Alger puis au Caire et dont la réflexion sur l’art fut façonnée au contact des artistes qu’il accueillit et réunit dans sa maison de la région parisienne dès le début des années 1950. Après Combat, dans les années 50 et 60, l’écrivain collabora à de nombreuses revues, L’Œil, L’Express, Preuves, etc. Ainsi, lors de cette première exposition, les visiteurs pourront notamment écouter (par la grâce des archives de l’INA) les voix des peintres avec lesquels il s’est entretenu et (re)plonger dans les débats de l’époque : figuration contre abstraction, tradition contre non-figuration. Les 300 m2 d’exposition sont répartis en 5 salles, or cinq pistes sont proposées aux visiteurs : Les héritiers d’une longue tradition (avec Robert Fontené, Arpad Szenes et Léon Zack), Du cubisme à la non-figuration (avec Jacques Busse et Jean Deyrolle), Les enfants du surréalisme (avec Camille Bryen, Joseph Sima, Raoul Ubac et Gérard Vulliamy), L’appel du lyrisme (avec Oscar Gauthier, Jacques Germain, André Marfaing et Michel Carrade), Brouiller les pistes (avec Olivier Debré, Jean Messagier, Zoran Music et Pierre Soulages). Sous la conduite du commissaire d’exposition Antoine Villeneuve et du scénographe Eric Morin, l’exposition dévoile une cinquantaine d’œuvres issues de la collection personnelle de Jean-Noël Drouin, à l’origine du musée. Collectionneur passionné pour la peinture non-figurative qui se déploie en Europe et en France en particulier au tout début des années 1950-1960 celui-ci a réuni 80 artistes parmi lesquels, outre les peintres déjà cités, on relèvera Jean Degottex, Jean Dewasne, Hans Hartung, Jean Miotte, Gérard Schneider, Jean-Paul Riopelle ou encore Maria Helena Vieira da Silva.
Après un parcours d’entrepreneur accompli, Jean-Noël Drouin, 73 ans, découvre la presqu’île de Giens, le charme du Port du Niel et d’un singulier bâtiment, vide depuis plusieurs années qu’il acquiert, et décide d’en faire un lieu d’expositions et de rencontres : « La peinture ouvre souvent des fenêtres inattendues, dit-il. J’ai voulu montrer des peintures qui font partie d’une période particulièrement libératoire de l’histoire de l’art. Les artistes de la collection du musée du Niel ont eu l’audace d’offrir une nouvelle vision du monde après le chaos du second conflit mondial. Cet élan touchera, je l’espère, une jeune génération parfois malmenée à son tour par les crises. Notre musée aimerait leur offrir un espace de respiration, une inspiration aussi. » Ainsi fondé dans une villa d’architecte (Jacques Chapon) construite en 1962 en surplomb du petit port de Niel, avec ses volumes géométriques et ses balcons saillants pointant vers l’horizon sur la presqu’île de Giens (commune de à Hyères-les-palmiers dans le Var) par Jean-Noël Drouin et Carole Waterkeyn, le Musée du Niel fait désormais partie du Réseau Plein Sud, qui réunit sites culturels et artistiques de la région élargie. Il a été imaginé comme une maison d’art où il fait bon de se poser et de s’extraire du réel. Une restauration en continu et en accès libre sur les terrasses du musée, Le Mérou du Niel, permettra en outre de profiter pleinement de la vue sur la Méditerranée face aux îles d’or, à quelques milles marins. Espérons vivement que ce nouvel écrin soit aussi un lieu – si ce n’est d’expérimentation – au moins d’exposition, pour les nouvelles générations vouées à l’abstraction !
Contact > Musée du Niel, 6 route du Port du Niel, Presqu’île de Giens, 83 400 Hyères. Ouverture du musée du Niel : du 3 juin 2023 au 30 septembre 2023. Commissaire d’exposition : Antoine Villeneuve / Scénographe : Eric Morin. Directrice artistique : Françoise Oppermann .
Tous les jours sauf le mardi (jour de fermeture hebdomadaire) Visite libre de 11h à 19h. Tarif Général : 12 euros
Entrée gratuite : pour les moins de 12 ans – Tarif Jeunes de 12 à 26 ans : 6 euros. Réduit : 10 euros pour les demandeurs d’emploi, les personnes en situation de handicap, Igésa, les artistes-auteurs groupes de plus de 12pers. Groupes scolaires : gratuité pour les établissements scolaires hyérois. Navette gratuite de 9 personnes du village de Giens au Musée du Niel. Billetterie en ligne : www.museeduniel.com
Visuel d’ouverture > Oliver Debré, Nature morte, 1956, Huile sur toile, 114.3×145.5 cm © adagp-musée du Niel 2023