Artur Bordalo, plus connu sous le nom de Bordalo II, est un artiste portugais et activiste écolo. Il redonne « vie » aux animaux en voie de disparition en recyclant ce qui les tue : le plastique. Avec Accord de Paris, il entend participer à une prise de conscience générale des problèmes environnementaux actuels. Ses sculptures sont exposées par la galerie Mathgoth, dans le XIIIe arrondissement de Paris, jusqu’au 2 mars.
ArtsHebdoMédias. – Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir artiste ?
Bordalo II. – Depuis que je suis tout petit, je dessine et je peins, probablement parce que mon grand-père était peintre ; il reste pour moi un exemple et une référence, d’où le « segundo » dans mon nom d’artiste. La relation entre mon travail et la nature, les animaux, est venue plus tard, même si être en contact avec eux m’a toujours enthousiasmé.
Avez-vous toujours évolué dans l’art urbain ?
Je dirais plutôt que l’art urbain est une part importante de mon travail. La notion de street art est par ailleurs parfois un peu étrange, ne serait-ce que lorsqu’on expose en galerie, et donc pas dans la rue. Avant que je ne fasse des graffitis illégaux dans la ville, je peignais sur les murs juste pour m’amuser. Mais c’était une étape importante pour avoir un contact avec l’espace public : j’ai appris comment communiquer avec les autres et créer de l’art d’une façon visible. Il y a eu une évolution des différentes choses que j’ai pu faire et, à l’arrivée, c’est devenu un tout.
Quel est votre processus de création ?
Je récupère les matériaux dont j’ai besoin dans la rue, les décharges, la plage ou au hasard de mes balades. Puis je donne forme à mes sculptures : je coupe, je plie, j’assemble les différents morceaux qui composeront chaque pièce. Enfin, j’applique de la peinture pour donner un peu de couleur.
Le choix du titre Accord de Paris pour votre exposition ne relève pas du hasard. Pouvez-vous l’expliquez ?
Je pense qu’il faut plus que jamais aborder le thème de l’environnement, d’où ce titre. Nous sommes dans une ère où nous devons vraiment prendre position sur toutes les questions environnementales. Or l’accord de Paris* est un sujet qui fait débat et c’est le moment parfait pour en parler justement.
Pourquoi avoir choisi les animaux en voie d’extinction comme sujet principal ?
Aujourd’hui, chaque animal est en danger, même nous, les humains, sommes en voie de disparition à cause de nous-mêmes. Les animaux sont, pour moi, l’image de la nature, ils sont les victimes de ce qu’on fait subir à leur environnement. C’est vraiment ce que je veux dire à travers ces sculptures d’animaux.
Dans quelle mesure votre exposition est-elle un manifeste ?
A travers mon travail, je ne veux pas faire quelque chose de beau et de superficiel. J’ai quelque chose à dire, à communiquer, à transmettre, pour que tout le monde réfléchisse et participer, peut-être, à faire changer quelques mentalités.
Quel message voulez-vous faire passer au public ?
Avec cette exposition et mon travail en général, je veux que les gens comprennent que nous sommes en train de détruire notre monde, avec nos styles de vie et l’économie que nous défendons en ce moment. C’est le moment de changer nos habitudes, d’adopter un mode de vie durable, de chercher de nouvelles solutions, comme arrêter les productions massives de plastiques, par exemple. Nous devons vite trouver ces solutions. Il ne s’agit pas de savoir si on aime la nature et les animaux ou pas. Nous n’avons qu’une seule maison, c’est la Terre.
* L’accord de Paris est le premier accord universel sur le climat à avoir été signé, en avril 2016. Il a fait suite aux négociations qui se sont tenues lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP21) fin 2015.
