Il avance à la fois masqué (Ray-Ban et chapeau) et à découvert (il a reçu, en octobre, le TED Prize) et se dépeint comme un «activiste urbain», « un artiviste ». La légende dit que c’est après avoir trouvé un appareil photo dans le métro parisien que serait né son goût immodéré pour l’errance à travers l’Europe et le monde afin, entre autres, de rencontrer ceux qui, pour s’exprimer, sont plus familiers des murs que des galeries. En 2003, à vingt ans, il expose des portraits géants à Paris et Rome ; trois ans plus tard, coup d’éclat, la mairie de Paris placarde ses immenses clichés de jeunes des cités des banlieues sur la façade de l’Hôtel de Ville, un an après les émeutes de 2005. JR se cache modérément derrière ses initiales, même s’il expose le plus souvent ses portraits démesurés en toute illégalité. A 27 ans, il est devenu une célébrité mondiale. Ses portraits géants tirés à petits prix grâce à des lés de papier immenses sortis d’imprimantes d’architectes, ont été exposés dans les endroits les plus reculés, mais aussi les plus réputés pour leur dangerosité : favelas, bidonvilles, townships. Et parfois aussi les plus improbables comme ces portraits grotesques, parfois saisis entre rire et larmes de Palestiniens et d’Israéliens et affichés côte à côte dans huit villes de part et d’autre du mur de séparation. Ultime consécration, le jeune photographe vient de recevoir le prestigieux prix américain TED de 100 000 dollars (il fut accordé à Bill Clinton) dédié à la culture et à l’innovation, mais rarement attribué à un artiste. En janvier, sortira son documentaire Women are Heroes (sa série de portraits de femmes éponyme a déjà fait le tour du monde), un hommage à ces femmes trop souvent victimes de violences qui, au quotidien, à travers heurs et malheurs, se battent pour que ce monde devienne meilleur. Il lui reste désormais à formuler un « Vœu pour changer le monde » que la fondation TED doit se charger de réaliser… Mais d’ici là, il aura sans doute réalisé un autre projet, entre Asie et Los Angeles, « Les sillons de la ville ». En passeur d’une mémoire qui sera bientôt perdue – celle des murs chargés de passé qu’on effondre pour laisser place aux immeubles de la spéculation, et celle des visages profondément sillonnés par la vie des anciens, spectateurs impuissants et témoins des bouleversements qu’a connus Shanghai en un siècle, chassés sans état d’âme.
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