Entrer en introspection avec Isabelle Scotta

Montrer, éditer, publier, diffuser est le credo de Corridor Eléphant qui, chaque année, sort une douzaine d’ouvrages et met en ligne plus de cent cinquante expositions. Tout au long de l’année, ArtsHebdoMédias vous invite à entrer dans un univers auquel notre partenaire a consacré un livre. En septembre, nous vous proposons de tourner les pages de Silens Zone d’Isabelle Scotta. Interview.

Corridor Elephant. – Pourquoi photographier ?

Isabelle Scotta. – J’ai expérimenté différents médiums comme le dessin et la gravure, mais ce besoin d’être en mouvement pour m’exprimer m’a plutôt portée vers la photographie. Elle me permet de développer mon intuitivité par l’ouverture et la présence à des territoires que je prends le temps d’explorer. Il s’agit d’une démarche à long terme, faite d’allers-retours, afin de photographier toujours plus en profondeur. Photographier est une sorte de refuge où je m’appuie sur des traces architecturales, des objets hors d’usage ou des villes en désuétude, pour échapper à une certaine uniformisation contemporaine.

Silens zone d’Isabelle Scotta est édité par Corridor Eléphant.

Pourquoi avoir choisi, bien avant le confinement, de photographier l’isolement ?

J’ai rencontré les îles du Frioul à Marseille en 2018 et j’ai immédiatement été fascinée par ce territoire quasi vidé de présence humaine la nuit. Les îles sont parsemées de ruines, notamment de pavillons sanitaires à l’abandon rappelant cette période de quarantaine durant laquelle des voyageurs venaient faire escale pour protéger le continent de la peste. J’ai photographié ces traces et l’étrangeté de cet archipel pendant deux ans, puis, en 2020, est venu le confinement, une quarantaine que j’ai vécue en banlieue parisienne. C’est naturellement, dans la continuité de ma démarche photographique au Frioul, que j’ai commencé à photographier un monde devenu clos et à l’arrêt face au virus. Ainsi est née la série Indoors.

Archipel, Silens zone, Isabelle Scotta. ©Editions Corridor Eléphant

Les cadrages comme les couleurs font de vos photographies des images oniriques. Est-ce volontaire ? Pourquoi ?

Je photographie à l’aube ou la nuit pour obtenir des lumières particulières, pour brouiller les perspectives et les repères spatio-temporels. On ne sait plus très bien où l’on se trouve, je cherche à décontextualiser, désorienter, tendre vers la fiction. Il y a aussi une certaine rigueur dans mon travail, dans les lignes et le graphisme. Autant je me laisse surprendre à la prise de vue, autant je contrôle l’image au post-traitement.

Que souhaitez-vous faire ressentir au spectateur ?

J’invite le spectateur à entrer en introspection, prendre le temps, et peut-être trouver une certaine résonance avec sa propre histoire.

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Archipel, Silens zone, Isabelle Scotta. ©Editions Corridor Eléphant

Image d’ouverture> Archipel, Silens zone, Isabelle Scotta. ©Editions Corridor Eléphant

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