Sylvain Ciavaldini | Nos belles différences

Si l'art a, dans son acception commune, souvent à voir avec l'imaginaire, l'œuvre de Sylvain Ciavaldini semble dire ce lien avec une rare insistance (une conviction). C'est qu'il y a dans ce travail, qui fait du dessin et de la sculpture ses moyens d'expression privilégiés, une sorte d'émerveillement pour ce qui touche à l'inconnu et à l'irréel. Ce territoire de formes, de couleurs, de formules péremptoires et joyeuses (« Le désir est porteur d'absolu » « la réalité est irréductible »), de cris d'oiseaux (dérangés) et de digressions graphiques dessinent un monde enjoué dans lequel l'évasion et le décalage semblent être des nécessités. C'est pourtant en s'appuyant sur le réel que cet univers se bâtit, en puisant dans la culture populaire, l'actualité ou les données scientifiques. Ainsi cette masse noire dont on ignore à peu près tout hormis qu'elle existe quelque part (et qu'elle constitue 90 % de l'univers) et dans laquelle l'artiste voit le possible lieu d'existence des choses de l'imaginaire. Un territoire de rêves qui devient invasif et fond peu à peu sur le monde réel. Il y a de l'humour, de la dérision et de la narration dans cette œuvre vivifiante. Pourtant derrière le vernis du ludique se cachent parfois des inquiétudes, des doutes, des remises en question. Les productions de Sylvain Ciavaldini disent aussi avec légèreté les difficultés de se faire entendre et comprendre dans le brouhaha du monde contemporain.