Sophie Cauvin | Genesis

Ses peintures ne poussent pas de cris personnels: pour Sophie Cauvin, la toile est un terrain de méditation et de spiritualité. "Je considère ma peinture comme une réponse positive à la perte de valeurs", commente l’artiste avec conviction. Le fait que l'artiste ait choisi le département Culture chinoise du Musée du Cinquantenaire n’est certainement pas un hasard. Ses nombreux voyages – elle s’est rendue à plusieurs reprises en Chine et au Japon – lui ont permis d’approfondir sa connaissance du taoïsme. Le disque Pei dans la salle voisine est son objet de prédilection. "Le cercle est le symbole de la perfection et inspire tout un chacun". Le cercle revient également dans ses peintures en tant que signe emblématique. Dans le contexte archéologique de l’usé et des formes vagues, elle offre un voyage dans le temps au regard du spectateur. Elle représente ce temps via l’application de diverses couches et la patine des matériaux naturels utilisés tels que le sable et le bois. Au département Chine du musée, son œuvre noue donc inévitablement un dialogue avec les objets avoisinants. Autre donnée essentielle, l’artiste ne touche plus aux couleurs synthétiques depuis un voyage en Egypte. Les moyens picturaux supplémentaires (bois et sable) confèrent à son œuvre une texture voulue et apaisante correspondant à la suggestion du temps et de la culture révolue. Les matériaux utilisés ont déjà une vie derrière eux et chargent les toiles de significations toutes particulières. C’est à cela que son art doit son rayonnement unique, voire son aura mystique. Les formes semblent refluer du plan de l’image, de sorte que toute information lisible échappe au spectateur... comme si la matière refusait de se livrer à l’avidité des regards. De fait, la qualité de l’art de Sophie Cauvin réside dans la chimie active entre la forme, le contenu et le signalement. Philip Willaert.