Michael von Graffenried et Youcef Krache | Algérie – 91/19

La nouvelle exposition de la galerie Esther Woerdehoff confronte deux regards sur l’Algérie par la photographie. D’une part, les tirages vintages de Michael von Graffenried, quand le photographe suisse voyage en 1991 en Algérie et suit les premières élections libres qui débouchent sur la victoire du Front Islamique du Salut (FIS), pour la création d’un état islamique. L’intervention de l’armée interrompt le processus électoral et une guerre civile d’une dizaine d’années s’en suit, où se succèdent attentats terroristes, assassinats d’intellectuels et de journalistes et la violence de la répression. De 1991 à 2002, Michael von Graffenried fera une trentaine de séjours en Algérie et choisit le format panoramique qui devient sa signature, avec un appareil qui permet de photographier ses sujets à leur insu en visant au niveau du ventre. D’autre part, celui de Youcef Krache, photographe algérien né en 1987, qui vit et travaille à Alger. Il est membre du collective 220 dont les photographes proposent un nouveau regard sur la société. Dans un noir et blanc contrasté au grain affirmé, Youcef Krache revendique de « proposer des miroirs à la société » par ses projets et photographie la rue et la population algérienne dans sa vie quotidienne. Depuis les manifestations de rue de février 2019 protestant contre la candidature de Bouteflika à l’élection présidentielle et appelant à une transition politique, il a choisit de concentrer sa photographie sur le suivi de cette actualité. Visuel : Les derniers jours de B, Alger, Youcef Krache, 2019.