Michael Beutler | Pipeline Field

Artiste de renommée internationale qui a notamment exposé à la FIAC Paris en 2014, à l’Hamburger Bahnhof à Berlin en 2015 et que l'on retrouve cette année à la Biennale de Venise, Michael Beutler invente pour chacune de ses œuvres, de nouveaux outils et de nouveaux processus créatifs et productifs. Les matériaux simples et fragiles qu'il utilise et transforme grâce aux machines archaïques qu'il imagine deviennent des éléments structurants qui lui permettent de créer des œuvres de très grandes dimensions déployées dans l’espace. L’aspect social et collaboratif qui intervient dans son travail est un des autres fondements de ses œuvres ouvertes, participatives et évolutives. L’œuvre « Pipeline Field » de la collection Les Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées transforme la salle d'exposition en un véritable hall de production expérimentale. Inspirée par une usine de Rotterdam d'où sortaient des tubes en métal, l'installation se compose de trois machines créées par l'artiste dans le but de réaliser à l'aide du matériau de la marque Tetra Pak®, une production invasive de pipelines sculpturaux. Contrairement aux objectifs du monde industriel et économique, cette chaîne de production n'est pas conçue pour réaliser le produit parfait, bien au contraire ! En effet, l'équipe de travail joue avec le matériau, imagine des variations de teintes ou de diamètres et se lance dans une fabrication artisanale, libre et inventive. Michael Beutler revendique que les erreurs puissent faire partie du processus et leur laisse toute leur place dans l’œuvre finale. Il apprécie et sait faire évoluer son projet en fonction des aléas de la fabrication. Pour l'artiste ce temps de création collective dans l'espace d'exposition est primordial : pas de travail ni d’œuvre sans relations sociales, sans adaptation aux forces vives en présence, sans transmission de gestes et d’expériences. Composée de volontaires (étudiants, publics, etc.), l'équipe de travail se fait complice du dispositif et se lance dans une aventure commune qui transforme l’espace. Dans la salle d'exposition où raisonnait le bruit des outils et des collaborateurs, restent les machines, comme des reliques de production, laissées là au centre même de leur gigantesque œuvre, dans un immobilisme révélateur de l'agitation d'hier.  À contre-courant d’une modernité numérisée, robotisée, déshumanisée, « Pipeline Field » de Michael Beutler invite également à la réflexion sur les évolutions actuelles du travail et la place de l’homme dans les appareils productifs contemporains et à venir.