Emmanuel | Vincent Barré

Emmanuel a, dès ses débuts, clairement et irréversiblement choisi le camp de l’art construit. Il utilise des matériaux simples comme des feuilles de papier Canson, ou des plaques de verre et de bois, qui sous sa main font oublier leur origine modeste et acquièrent une beauté formelle et une somptuosité inattendues. Dans un même souci de simplicité Emmanuel utilise une gamme de couleurs extrêmement limitée, essentiellement réduite au noir et blanc, prenant la forme de compositions strictement géométriques fondées sur des figures simples tels le carré ou le cube, lointains échos de Malevitch et d’Albers. L’art d’Emmanuel repose essentiellement sur le jeu des contrastes noir mat/noir brillant, noir/blanc. S’y ajoutent la superposition des plans, le vide et le plein, ainsi que le rôle joué par les interstices qui séparent des éléments différents pour donner à l’œuvre son rythme et sa respiration. Vincent Barré évoque quant à lui  l’histoire de la sculpture à travers ses colonnes sur socles. C’est avec le temps éprouvé à faire corps avec son ouvrage, à le ressentir dans sa chair et dans ses mains que Vincent Barré accède à ce qu'il nomme « la chose palpitante du corps ». La matière se dilate, se gonfle et puis s’enfonce, formes charnelles d'un corps fragmenté. On retrouve le rapport au vivant, même dans l’inanimé ; s’en dégage la chaleur de la terre avec les teintes de charbon et de bois brûlé. Et le continuum de ce morcellement nous dit que la forme n’est jamais finie. Celle-ci réapparait de sculpture en sculpture, de trait en trait, en filigrane. Les dessins de Barré parlent encore de sculpture. Comme si couchés sur le papier, ses bronzes et ses fontes devenaient plus légers qu’une feuille, aériens, des silhouettes dansantes. Visuel : De gauche à droite Grès de Sèvres, Manchon à méplats (2007/2009) par Vincent Barré et 12A1 (2006) par Emmanuel.