Les résonances transatlantiques de LaToya Ruby Frazier

Latoya Ruby Frazier

Une expérience de vie inestimable, c’est ce que la photographe américaine LaToya Ruby Frazier a capté lors de son séjour auprès des familles d’anciens mineurs du Borinage, dans la région de Mons en Belgique. Le regard qu’elle leur porte, bienveillant, introspectif et ouvert, prolonge celui qu’elle a posé sur sa propre communauté à Braddock, une ville fantôme de la Rust Belt, au nord-est des Etats-Unis. Retour sur cette rencontre transatlantique et sur les images marquantes de sa jeune carrière (elle n’a que 31 ans) au MAC’s Grand-Hornu.

Dans les troublantes images de la série Home Body qui ouvre son exposition, LaToya Ruby Frazier apparaît dans une pièce aux murs et plafonds lépreux. C’est tout ce qu’il reste de la maison de ses grands-parents. Elle est vêtue du pyjama de son grand-père ou enveloppée dans la couverture de sa grand-mère. Un fantôme vulnérable qui donne corps aux souvenirs, à la réalité des conditions de vie de ceux qui se sont usés dans les cathédrales d’acier, aujourd’hui en déshérence. La jeune photographe américaine est née à Braddock, à quelques miles de Pittsburgh, une ville ravagée par la crise sidérurgique qui a plongé la classe ouvrière dans encore plus de précarité. Indignée, elle a pris ses premiers clichés à 16 ans en se photographiant elle-même avec sa famille, sa mère, sa grand-mère, pour témoigner de l’intérieur, de la survie de la communauté afro-américaine abandonnée de tous.

La série Momme Silhouettes la montre avec sa mère en ombres chinoises derrière un drap, imprimé de compositions fleuries comme les Eve d’un monde à réinventer. Artiste et activiste, aujourd’hui internationalement reconnue, elle inscrit son travail dans l’esprit de la photographie documentaire et engagée de Dorothea Lange (1895-1965), Gordon Parks (1912-2006) et Allan Sekula (1951-2013). C’était une belle idée qu’a eu Denis Gielen de proposer à l’artiste une résidence dans le Borinage, tant le bassin sidérurgique wallon et la Rust Belt américaine ont connu des destins communs avec quelques années de décalage. « C’était important pour moi, en tant qu’américaine et femme noire issue de la classe ouvrière, d’apprendre comment, dans le Borinage, les familles ont survécu à la désindustrialisation », explique-t-elle. Accompagnée d’une interprète, elle a visité les familles, écouté leurs témoignages et arpenté les paysages qui, comme les corps, gardent l’empreinte du passé. (…)

Dans le cadre d’un partenariat engagé avec notre consœur belge Muriel de Crayencour, fondatrice et rédactrice en chef du site d’actualité artistique belge Mu-inthecity.com, nous vous proposons de poursuivre la lecture de cet article d’un clic.

LaToya Ruby Frazier
Momme the notion of family (série), LaToya Ruby Frazier.
LaToya Ruby Frazier
Les mains de Maria tenant une photographie, LaToya Ruby Frazier.
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Et des terrils un arbre s’élèvera, jusqu’au 21 mai au MAC’s Grand Hornu.

Crédits photos

Image d’ouverture : Dans la main d’Ali – Toutes les photos sont créditées © LaToya Ruby Frazier

 

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