Les jeunes en première ligne à DDESSIN {19}

DDESSINPARIS revient avec le printemps ! Le cabinet de dessins contemporains, comme aime à l’appeler sa fondatrice et directrice artistique Eve de Medeiros, accueille une vingtaine de galeries françaises et étrangères à l’Atelier Richelieu, du vendredi 29 au dimanche 31 mars. Au cœur du programme : des solos shows, la deuxième édition de la pépinière consacrée aux très jeunes artistes et la découverte du coup de cœur 2019. Evénement engagé pour un dessin hors des cadres, le salon présente notamment un projet spécifique de soutien à la protection de l’environnement et accueille la Fondation Paul Duhem, ainsi qu’une sélection d’artistes du centre La Pommeraie. D’autres belles initiatives sont à signaler, notamment la conférence d’Agnès Callu, intitulée Dessin vivant : pour une biodiversité interprétative (samedi 30 mars à 14 h), ainsi que la signature de son ouvrage consacré au travail de François Réau – coup de cœur DDESSIN {16}. Signalons que le Prix DDESSINPARIS/Institut français de Saint-Louis au Sénégal* sera connu le soir du vernissage. Celle ou celui qui succédera à Isabelle Lévénez, lauréate 2018, verra son travail récompensé par trois semaines en résidence à l’Institut. A quelques jours de l’inauguration, Eve de Medeiros fait le point.

ArtsHebdoMédias. – Quelles galeries allons-nous découvrir cette année ?

Eve de Medeiros entourée des artistes Fabien Mérelle (à gauche) et François Réau (à droite).

Eve de Medeiros. – Pour cette septième édition, DDESSIN {19} accueille une vingtaine de galeries venues de France, mais aussi d’Australie, d’Italie et d’Angleterre. Bon nombre d’entre elles étaient déjà présentes lors des éditions précédentes, comme les galeries Sitor Senghor, Céline Moine, Marie Jaouen, la H Gallery ou la Rizomi Gallery. Certaines sont nouvelles, telles la galerie Maria Lund, la galerie Vallois, qui présentera des artistes cubains, l’Art Gamma Gallery, qui nous fera découvrir des créateurs italiens, ou la galerie Hervé Perdriolle, qui présentera une sélection d’artistes indiens. Parmi toutes ces galeries, certaines ont décidé de ne présenter qu’un seul artiste. Citons la galerie Polaris avec Marcos Carrasquer, la galerie Ségolène Brossette avec Bertrand Robert et la galerie Antonine Catzéflis avec Yoann Estevenin. A signaler la participation de la galerie de l’Université de Sydney avec des artistes autochtones contemporains, dont les œuvres s’éloignent singulièrement des dessins aborigènes traditionnels.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les deux solo shows de DDESSIN {19} ?

A côté des artistes représentés par les galeries, DDESSIN {19} propose deux solo shows. Le premier est consacré à l’œuvre de David Supper Magnou, qui témoigne de son environnement tant naturel que sociétal. L’artiste dessine des scènes étonnantes de précision et d’étrangeté. Son humour, parfois noir, se penche avec tendresse sur notre monde abîmé et parfois absurde. Le second solo show montrera des travaux de Sylvie Selig, dont l’inspiration prend vie au détour d’un conte, d’un mythe ou d’un fragment d’histoire, puis se développe en une narration complexe et vivante, façonnant un univers fantastique et fascinant. J’ai choisi de ne présenter que ses œuvres sur tissu.

De gauche à droite : Fragment EMBAC, David Supper Magnou (2017) et Catch you, Sylvie Selig (2017).

Cette année, le coup de cœur de DDESSINPARIS est double…

Effectivement, il s’agit du couple d’artistes Emilie Sévère et Michel Soudée. S’ils ont souvent exposé ensemble, notamment au sein du collectif Inconnaissance, qu’ils ont participé à créer en 2013, ils n’avaient encore jamais créé en commun. Pour répondre à l’invitation de DDESSIN {19}, ils ont décidé de tenter cette expérience à laquelle ils aspirent depuis longtemps. Il s’agit pour eux de rechercher un possible équilibre dans une création sans subordination, où chacun initie et exécute à la fois, cherchant à dialoguer au sein de cet espace de liberté qu’est l’œuvre.

De gauche à droite : Mues 24, Michel Soudée (2018) et Racines (détail), Emilie Sévère (2017).

Expliquez-nous la teneur des deux projets spécifiques à but non lucratif qui sont au programme.

Cette année, DDESSINPARIS a choisi de s’engager auprès d’une association de protection de l’environnement, afin de participer aux actions en faveur de la planète menées actuellement en France et à l’international. J’ai invité Jean-Marc Barr et CEATASEA, l’association de protection des mammifères marins dont il est le parrain. Je suis heureuse d’accueillir cet acteur emblématique du film Le Grand Bleu et de permettre le déroulement d’une exposition caritative en faveur de cette cause. De nombreux travaux d’artistes ayant déjà participé à DDESSINPARIS seront aux cimaises. Cet événement sera donc aussi l’occasion de retrouver des créateurs phares du salon. Le second projet spécifique est consacré aux artistes créant à La Pommeraie, établissement situé en Belgique. En partenariat avec la Fondation Paul Duhem, DDESSINPARIS souhaite promouvoir et défendre leurs travaux, souvent associés à l’art brut ou outsider. J’ai fait la connaissance de ces artistes-résidents et d’Eric Lenz qui encadre l’atelier. J’ai pu découvrir des œuvres qui questionnent avec force notre société et c’est avec joie que nous les accueillerons à l’Atelier Richelieu. En plus d’une sélection de travaux signés Paul Duhem, aujourd’hui disparu, nous présenterons des dessins de Michel Dave, Daniel Douffet, Isabelle Laure et Thibaut Seigneur.

De gauche à droite : Free, Margaux Henry-Thieullent (2018) et Rare, AgatheToman (2018).

Pour la deuxième année, les visiteurs pourront découvrir la pépinière de DDESSINPARIS. Qui avez-vous invité ?

Il faut rappeler que la pépinière concerne de très jeunes artistes, tout juste sortis des écoles. Son objectif est de mettre en lumière leurs travaux et ainsi de les aider à trouver une galerie. Un dispositif qui a très bien réussi à Arthur Novak, présent l’an dernier et qui revient cette année avec la galerie Céline Moine, rencontrée sur le salon. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Céline Moine expose un artiste choisi par DDESSINPARIS, puisqu’elle présente désormais Jérémy Gobé, mis en avant par le salon en 2014. Cette année, la pépinière présentera six femmes. Parmi elles, Agathe Toman, qui était parmi nous l’an dernier pour sa première exposition, avec une installation sur les quartiers de lune et qui a beaucoup travaillé toute l’année. Ses œuvres seront présentées par la LN Gallery, aux côtés d’œuvres d’Eva Jospin et de Tsuyu, notamment, dans le cadre du salon Art Paris Art Fair, du 4 au 7 avril 2019. Par son intermédiaire, j’ai rencontré Margaux Henry-Thieullent, qui est architecte et développe un travail de dessin très novateur. Toutes les deux exposeront côte à côte et ont décidé de réaliser une œuvre à quatre mains pour l’occasion. Il y aura également Amélie Barnathan, Clothilde Anty, Nada Matta et Alma Vallé. Toutes avec des travaux très différents.

De gauche à droite : Corail Artefact (détail), Jeremy Gobé (2018) et Objet de lumière, Gladys Nistor (2018).

DDESSIN {19} est très féminin. Une volonté ?

Il y a toujours eu beaucoup de femmes à DDESSINPARIS ! Et ce n’est pas toujours le cas dans le monde de l’art en général. Présentes depuis très longtemps, elles sont insuffisamment montrées et souvent doivent attendre plus longtemps que les hommes pour voir leurs œuvres exposées. Moving Art, par exemple, présente Gladys Nistor, une artiste argentine d’une quarantaine d’années qui commence seulement à être connue en France. Bien sûr, les mentalités évoluent. Mais parfois, il faut encore savoir imposer les femmes, même si je considère, d’abord et avant tout, la qualité du travail et l’engagement. Par ailleurs, les rencontres ont fait qu’aujourd’hui l’équipe de DDESSINPARIS est exclusivement féminine !

* Le jury indépendant du prix DDessin Paris/Institut français de Saint-Louis au Sénégal sera présidé par Ronan Grossiat, consultant en management et collectionneur, et composé de Giulia Andreani (artiste), Boris Bergmann (écrivain), Chris Cyrille (curateur), Yvon Lambert (collectionneur), Magali Lesauvage (critique d’art), Marie-Ange Moulonguet (collectionneuse), Marisol Rodriguez (écrivaine) et Colette Tornier (collectionneuse).

Contact

DDESSIN{19}, du 29 au 31 mars, à l’Atelier Richelieu, Paris. Plus d’informations sur DDessinparis.fr.

Crédits photos

Image d’ouverture : Vue de DDESSINPARIS 2018 © DDESSINPARIS – Portraits d’Eve de Medeiros, Fabien Mérelle et François Réau © Photo MLD – Fragment EMBAC © David Supper Magnou, courtesy DDESSINPARIS –  Catch you © Sylvie Selig, courtesy DDESSINPARIS – Mues 24 © Michel Soudée, courtesy DDESSINPARIS – Racines © Emilie Sévère, courtesy DDESSINPARIS – Free © Margaux Henry-Thieullen, courtesy DDESSINPARIS – Rare © AgatheToman, courtesy DDESSINPARIS – Corail Artefact © Jeremy Gobé, courtesy galerie Cécile Moine – Objet de lumière © Gladys Nistor, courtesy Moving Art

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