Artcurial organisait le 22 mars une journée entière dédiée à l’art contemporain, et notamment au Street Art. La vente 1970-2010, 40 ans d’Art graffiti proposait une sélection des plus pointues, soit une centaine de pièces, dont certaines historiques. Martin Guesnet, coprésident de la maison de vente française, associé et commissaire-priseur, spécialiste de l’art contemporain, commente cette journée pour ArtsThree.
ArtsThree. – Le marché de l’art contemporain semble avoir repris des couleurs. La vente du 22 mars s’inscrit-elle dans cette tendance ?
Martin Guesnet. – Tout à fait. Le pourcentage de lots vendus a atteint 80 %, ce qui ne nous était pas arrivé depuis deux ans. Au total, nous avons réalisé 2,3 millions d’euros, soit bien plus que notre estimation de 1,8 million. Il est à noter le très beau prix atteint par une huile de Jacques Monory (ndlr Technicolor n° 19, n°558, 1977) qui s’est adjugé à 65 000 euros quand sa fourchette d’estimation était de 30 000 à 40 000 euros. Pour l’ensemble des lots, les enchères ont été très soutenues.
Quelle est la stratégie d’Artcurial sur ce segment ?
M. G. – En France, d’une manière générale, les ventes portent moins sur le très contemporain. Nous cherchons donc à élargir petit à petit le segment. Notamment par le biais du Street Art. Et cela s’avère payant. La vente 40 ans d’Art graffiti du 22 mars s’est déroulée devant une salle comble. Près de 300 personnes s’étaient déplacées un lundi après-midi pour venir enchérir sur ces œuvres qui atteignent de nouveaux prix. Comme la toile de Speedy Graphito, (ndlr : acrylique sur toile signée, titrée et datée au dos Speedy Graphito – Mandala – 2009) qui est partie à 35 200 euros. Ce type d’œuvre nous permet d’attirer une clientèle plus jeune et curieuse. Et comme tous les lots sont exposés ensemble, des acheteurs plus « classiques », habituellement amateurs d’art abstrait, se laissent parfois tenter lorsqu’ils découvrent cette nouvelle forme d’abstraction.
A l’occasion de cette vente, Artcurial a invité Speedy Graphito à réaliser une œuvre en direct, dans ses murs…
M. G. – Oui, Speedy Graphito et JonOne ont été invités à réaliser des performances en public. C’est peut-être là que réside notre spécificité. Notre activité principale reste bien sûr la vente, mais nous attachons une grande importance à l’aspect culturel. Lorsque vous entrez dans le bâtiment (ndlr : Hôtel Marcel Dassault, rond-point des Champs-Elysées, Paris) vous avez tout de suite accès à la plus grande librairie d’art de Paris. Nous avons d’ailleurs créé le Prix du livre d’art que nous décernons une fois par an.
Vous avez confiance pour les mois à venir ?
M. G. – L’envie et la passion des acheteurs restent entières. Nous sommes même parfois surpris par le degré d’activité. Et puis nous nous apprêtons à tenir une vente exceptionnelle le 31 mai. Elle sera marquée par deux points forts : la dispersion d’une collection très pointue d’art minimaliste (Dan Flavin, Joseph Kosuth, Agnès Martin) ainsi que la vente d’un sublime mobile d’Alexander Calder réalisé pour Jean Vilar dans le cadre d’un des décors du T.N.P.