Mettre en lumière des scènes artistiques nationales méditerranéennes, encore « sous ou mal représentées » dans le monde de l’art international, tel est l’objectif poursuivi par l’association HYam – Hydra Project for Mediterranean Artists – née en 2013. Premier épisode d’un large projet porté par Pauline Simons, qui entend soutenir les jeunes créateurs en leur offrant notamment un temps de résidence, une aide à la production et à l’organisation d’expositions, le Prix de la Jeune Scène Artistique Méditerranéenne a été lancé en janvier dernier en partenariat avec la Fondation Jean-Luc Lagardère. Il est doté d’une somme de 10 000 euros et s’adresse à des sculpteurs, peintres, dessinateurs, performeurs, installateurs et vidéastes, de moins de 36 ans, explorant le thème de l’identité culturelle. Dédiée à la création grecque, son édition inaugurale a été remportée par Maria Tsagkari.
« Tout mon travail traduit un besoin d’évoquer un commencement là où l’on penserait que tout est terminé, de montrer que toute fin est aussi un point de départ. Ma démarche est intrinsèquement poétique, tout en étant liée aux notions d’offrande, de remerciements, de confiance et, par-dessus tout, de foi en l’inaccessible », explique Maria Tsagkari dans une courte vidéo – exercice imposé demandé à l’ensemble des 19 candidats retenus pour le prix. Fleurs, cendre, herbe, parfum, ses matériaux de prédilection sont par essence éphémères et reflètent « l’incapacité de l’œuvre à subsister, dans le temps comme dans l’espace ». « La cendre est un matériau que j’aime beaucoup. Née de la combustion, elle est d’une délicatesse infinie. Elle représente aussi le tout dernier état de la matière, sa fin. » Avec elle, Maria Tsagkari sculpte et dessine d’incroyables tapis et jardins silencieux, chacun voué à retourner à l’état de poussière, récupérée et abritée dans des bocaux de verre dans l’attente d’être réutilisée – illustration du caractère cyclique des choses – dans le cadre d’une autre installation. « Ce que je propose sont en quelque sorte des impossibilités poétiques », conclut la jeune Athénienne, lauréate de la première édition du Prix de la Jeune Scène Artistique Méditerranéenne, remis hier à Paris dans les locaux de la maison de ventes Artcurial. Trois autres artistes avaient été retenus par le jury – constitué d’une dizaine de personnalités du monde l’art international et mené par Alain Seban, président du Centre Pompidou – : Rania Bellou, dont le travail subtil s’appuie sur le dessin pour questionner notamment les notions de mémoire individuelle et collective ; Marianna Christofides, qui s’intéresse à travers ses films et installations à l’image, en tant que « trace visuelle », et à sa capacité à être reconstruite, déplacée, métamorphosée pour initier une nouvelle histoire ; Athanasios Zagorisios, enfin, chez qui rigueur et constats scientifiques s’entremêlent à la poésie émanant de la fragilité du monde pour livrer des objets comme en équilibre « entre apparition et disparition ».

