Jusqu’au 18 septembre, le musée Matisse, au Cateau-Cambrésis, propose une rétrospective sur douze années, du travail de Vincent Barré. Principalement composée de sculptures, l’exposition Sous les grands arbres, dont l’artiste signe la muséographie, présente également carnets de croquis et estampes. Elle parle de connivence et de bienveillance entre le sculpteur et tous ceux qui ont accompagné son parcours, notamment Matisse.

Lorsqu’il explique son travail, Vincent Barré parle matières, volumes, espaces, tensions, points de contact, échelle, rapport à l’humain, au temps, au contemporain. Spontanément, les gestes, qui ont accompagné le processus créatif, viennent illustrer son discours, et l’artiste nous livre avec générosité la genèse de ses créations. Ses œuvres, qui attirent irrésistiblement la main et tiennent leur sensualité de leurs matières – bois, métal, céramique – et de leurs formes, ne sont pas sans rappeler l’architecture, qu’il a étudié notamment aux côtés de Louis Kahn et pratiqué jusqu’en 1982. Malgré la bienveillante omniprésence de Matisse, Vincent Barré dépasse la question de la filiation et de l’influence, en proposant des pièces qui nouent le dialogue avec celles du maître des lieux et parviennent en quelque sorte à les prolonger, à les outrepasser. Ainsi, dans la série Océania, il suspend aux murs, à l’aide de simples clous, des découpes de caoutchouc noir qui entrent en relation avec deux tableaux de Matisse – Oceania, the Sea et Oceania, the Sky (1946) – et leur apportent une nouvelle matérialité. Plus loin, une autre série, Ex-voto, parle avec poésie et humilité de la fragilité et de la précarité de la condition humaine : elle réunit des portions de corps dont les formes ont été impulsées par le matériau utilisé pour les modeler. « On est tout entier dans un fragment », affirme l’artiste, qui, en montrant l’essentiel, offre au visiteur la possibilité d’imaginer une suite à ses œuvres et de se les approprier. Vincent Barré revendique d’ailleurs la volonté de créer pour les autres, avec dignité et non par arrogance. De ses sculptures verticales, il explique encore que si elles s’élèvent vers le ciel, elles sont avant tout enracinées dans le sol. Un double mouvement qui caractérise une œuvre à la fois forte et sensible.

Retrouvez Vincent Barré sur le site Gallery Locator.