Le Centre Pompidou consacre par une rétrospective l’œuvre du plus célèbre représentant français de l’abstraction, Pierre Soulages. A la veille de son quatre-vingt-dixième anniversaire, le peintre a apporté à cette exposition, conçue avec Pierre Encrevé et Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne, une attention scrupuleuse. Pour mettre en scène une centaine de tableaux, ils ont choisi l’approche chronologique, en marquant fortement la césure réalisée en 1979, année où Pierre Soulages a forgé « l’outrenoir ». Une révolution personnelle qui couronne la lumière diffusée par reflets sur une surface entièrement recouverte de noir. Les œuvres de jeunesse, goudrons sur verre, brous de noix, encres et gouaches sur papier, varient du noir à l’ocre. Puis viennent les clairs-obscurs, qui laissent sourdre derrière le noir les dégradés bleus ou rouges, avant les violents contrastes du noir et du blanc avec les signes sombres brossés sur l’étendue pâle. Au milieu du parcours, une salle minuscule sert de sas, passage obligé du visiteur où s’effectue le basculement du regard d’un univers pictural à l’autre. Cloisons, moquette et plafonds sont noirs. Trois tableaux de mêmes dimensions, éclairés par le seul mur blanc qui leur fait face, prouvent que le reflet est devenu partie intégrante de la toile. En avertissement, cette citation : « Outrenoir pour dire : au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l’être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du simple noir. » La deuxième partie de l’exposition fait la part belle aux tableaux récents. La matière devient capitale. Selon qu’elle est lissée, striée, griffée, scarifiée, entaillée, elle accroche différemment la lumière et fait naître des dégradés, du noir profond au gris clair en passant par une multiplicité de nuances luminescentes. Pour ses grands polyptyques, l’artiste a soigné l’accrochage. Ils ne sont plus installés sur des cimaises, mais flottent comme des paravents magiques, suspendus dans l’espace par des filins d’acier. Là encore, le noir s’est mué en miroir, captant la clarté alentour pour la renvoyer en mille éclats. La peinture de Pierre Soulages est présence, cohérence, évidence. Dans cet hommage réussi, on admire son obstination patiente à creuser le même sillon, loin des modes et des chapelles, en explorant toujours ses possibilités nouvelles.
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