Ouvert dès sa création, il y a plus de 170 ans, à de multiples disciplines, le Musée barrois s’est inscrit depuis quelque temps dans une démarche originale : se confronter régulièrement à l’art contemporain. Cette année, le projet fait écho à la collection zoologique abritée par l’établissement et, s’appuyant notamment sur les Fonds régionaux d’art contemporain du Grand Est, le musée a convié une dizaine d’artistes à venir exposer les liens privilégiés qu’ils entretiennent avec le monde animal.
Ainsi, le travail pictural de Marion Auburtin, proche de l’hyperréalisme et souvent élaboré sous forme de séries, procède d’un grand éclectisme dans le choix des sujets traités et des supports utilisés. Peintre également, Stéphane Belzère nous fait partager sa fascination pour les bocaux, à l’origine alimentaires, qui se révèlent une source inépuisable d’inspiration. Murielle Belin décortique pour sa part le vivant, au sens large, au gré de ses tableaux sur bois et sculptures, bousculant allègrement les principes fondateurs et jouant avec l’anthropomorphisme pour créer un étonnant bestiaire imaginaire. Une semblable passion pour tout ce qui vit, à laquelle s’ajoute une réelle curiosité d’ordre médical, anime Sarah Roshem, jeune plasticienne qui a fait de la cire l’élément clé de ses installations.
Cristal, mie de pain ou coquille d’œuf, Patrick Neu aime sculpter les matières rares ou délicates et exercer ses talents de dessinateur sur des supports aussi fragiles qu’imprévus : une aile de papillon ou le noir de fumée déposé sur du verre.
Eric Poitevin, lui, photographie des scènes végétales, humaines ou animales, comme pour mieux protéger de l’inexorable marche du temps des êtres ou des lieux qu’il sait ou pressent en voie de disparition. Pierre Cordier, de son côté, a inventé son propre mode d’expression artistique, le chimigramme, procédé associant des éléments picturaux, tels la cire, l’huile et le vernis, à la chimie de la photographie, utilisant donc émulsions, révélateurs et fixateurs.
A travers ses installations où s’entremêlent sculpture, photo, dessin et gravure, Gloria Friedmann livre ses réflexions sur la relation, souvent conflictuelle, qu’entretiennent nature et culture. Sébastien Gouju s’exprime lui aussi par le biais d’installations, se jouant avec simplicité et subtilité de notre imagination et des idées préconçues, semant joyeusement le trouble dans notre univers sensoriel.
Revendiquant un type d’art « qui parachève l’œuvre de la nature » et mû par un irrésistible besoin de titiller l’imaginaire du public, Guy Jacqmin assemble et met en scène, en un lieu chaque fois singulier, objets et images cueillis au petit bonheur de ses balades. Enfin, le visiteur plongera dans l’univers fantastique et décalé de Gitte Schäfer, un monde composé, entre autres, d’objets abandonnés et livrés aux caprices du temps, que la plasticienne récupère, ordonne, organise patiemment. La variété des travaux présentés et des réflexions engagées offrent un bel éclairage sur le dialogue que depuis toujours les artistes entretiennent avec le monde animal .