Se vautrer dans une rivière de cailloux, devenir phosphorescent dans l’antre d’un arbre, palper un cadre aux extraits de bord de plage : Piero Gilardi crée ce qu’il voit et milite pour ce qu’il croit. Membre fondateur de l’Arte Povera, au côté de Mario Merz, il a toujours été à la source des courants contestataires depuis les années 60, quitte à s’en émanciper dès qu’ils commençaient à faire figure d’avant-garde. Réfractaire au confort de la création, Piero Gilardi décline pourtant des « tapis-nature » gorgés de mousse polyuréthane expansé, réellement offerts à l’assise. L’artifice au bout des doigts, ce chercheur de contemporanéité sculpte et peint des portions de biosphère, tel un mémorandum écologique avant liquidation totale de la nature. En présentant l’étonnante continuité de l’œuvre de ce maître ès causes de 1967 à 2009, la jeune et perspicace galerie parisienne Semiose redécouvre l’art habitable et son extrême actualité. En retranscrivant des galets surréels, des herbes folles pop et un Tronco-Sedile (Tronc-Siège), Piero Gilardi ne courtise pas le kitsch mais certifie l’essence de son action : la connexion de l’œuvre à son utilisateur pour un art relationnel. Un défi que le Turinois, né en 1942, a démultiplié dans le Parc expérimental d’art vivant de Turin en pleine friche industrielle où art contemporain, biodiversité et relation sociale interagissent pour un mieux vivre ensemble ; militant il invente des sculptures-vêtements pour les manifestants, précurseur il expérimente un art-thérapie, réconciliant art et nature, et aussi ce qu’on pourrait qualifier de nouvel humanisme. Ainsi, après avoir poussé la contre-culture jusqu’au Nicaragua, en Afrique ou dans les réserves indiennes des Etats-Unis, où il a mené des expériences de créativité collective ou individuelle, Gilardi poursuit sa propre catharsis en pesant dans la balance numérique entre réel et virtuel. Déjà, en 1964, avec son Totem domestique, il suspendait une pierre de mousse à l’aspect bien réel en invitant les spectateurs à placer leur tête sous cette dernière, prête à tomber. Artiste insatisfait, Piero Gilardi, bientôt présent à la Fiac, semble limiter son ego à la poursuite d’une quête suprême en évitant les travées de la postérité. Fakir aux tapis de polyuréthane, il entremêle indiscutablement l’art à la vie ; l’artifice de la création n’étant pour lui que l’instrument de l’expansion militante.
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