Arborescences : comme un hymne aux cycles inexorables de la vie, Lydie Arickx déploie au château de Chambord une monstration de plus de cent cinquante toiles, installations et sculptures – pour la plupart originales, relevant du défi monumental ou du cabinet de curiosités. Peintre matricielle traversée par la matière, sculpteure expressionniste et performeuse téméraire, Lydie Arickx s’est révélée dans les années 1980, comme l’un(e) des artistes français(es) les plus puissant(e)s et libres, délivrant une œuvre tellurique à la fois patrimoniale, infernale et relevant du sacré. Formée à l’école supérieure des arts graphiques de Paris, nourrie par ses origines flamandes revendiquées et les yeux tournés vers les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, elle fut au cours des dix dernières années, exposée aux Cordeliers, à La Piscine de Roubaix, à la Conciergerie, au Musée historique de Biarritz ou au château de Biron. Représentée par la Loo & Lou Gallery à Paris Art Fair en 2019, elle y exposera Lianescences rue Notre-Dame de Nazareth du 16 novembre au 22 janvier 2022. Tout l’été, la galerie Capazza, qui la suit depuis 1975, a exposé La vie Nue sur son site remarquable de Nançay – à quelques kilomètres du domaine de Chambord où depuis le 30 mai, et jusqu’au 17 octobre, le château et la chapelle accueillent son œuvre, tandis qu’à l’Abbaye de Flaran dans le Gers, est présentée aux mêmes dates la rétrospective d’une série de toiles sans concession qui met en exergue les contradictions de notre condition chrétienne, Ne me consolez-pas !, présentée pour la première fois en 2016 à La Conciergerie de Paris. Au-delà des limites, un titre qui caractérise bien la vitalité créatrice de l’artiste, est une nouvelle exposition, un duo show proposé par la galerie Gilles Naudin de Lydie Arickx et de la peintre originaire d’Istanbul, Nurcan Giz, qui sera présenté au Fond International d’Art Actuel du Mans, du 3 octobre au 28 novembre prochain.
A Chambord, Lydie Arickx travaille sur l’organe, sur la ramification du lien continu entre le tout, la vie animale et la vie végétale. On entre au premier étage du château par son mythique escalier à double hélice, où dès la dernière marche on se trouve face au Grandbleu,un polyptique de onze toiles de 305 x 218 cm,l’analogie d’une fresque réalisée pour la première fois à La Conciergerie de Paris sous le commissariatdu critique d’art Olivier Kaeppelin. Quatre nouvelles sculptures symbolisent ici, les éléments – un poumon de cheval moulé dans la cire évoque le souffle, des crânes sur un plateau de métal, le retour à la terre… L’exposition se déploie sur les quatre éléments de la croix sur laquelle s’est construit Chambord. Sur l’un des plateaux, trône une gigantesque cosse, un flocage vert fluo sur une enveloppe de résine polyester. A l’intérieur de la gousse ouverte, quatre fœtus, quatre nouveaux nés de céramique prêts à germer. La fève chez les Grecs est le lieu de l’âme dit-on, celui de la transition. Elle apparait ici telle une cosse utérine, en hommage à la nature protectrice et nourricière.
Lydie Arickx est une peintre matricielle pour qui la vie n’est que répétition de cycles ; elle ne conçoit en aucun cas la mort comme une chose morbide et finie : L’évolution est un tableau de squelettes quasi végétalisés redevenus rhizomes – racines, propres à redonner la vie – que l’on découvre dans une autre salle où, bien plus exubérante encore, et presque insoutenable, tourne sur elle-même la sculpture d’une humanité sous cloche, Le planetum, « le planète homme », une inclusion sidérante de figures humaines modelées en direct sur cire, que l’artiste mît plus de 20 ans à réaliser. « Elle a été conçue avec l’aide d’un ingénieur et c’est César – son fils – qui tous les jours versait dans le moule la résine nécessitant six polissages », précise l’artiste qui travaille en famille. Plus de 50 matériaux différents sont impliqués dans l’œuvre proposée à Chambord ; deux autres sculptures emblématiques de l’exposition, Adam et Eve que l’on découvre à l’issue de la visite dans les jardins pèsent à elles deux plus d’une tonne.
Avec Alex, son mari, et César, tous les trois nourris par un esprit d’aventure et de recherche propre à la Renaissance, le « Arickx band » a travaillé sur la mise en œuvre de nouvelles technologies qui s’incarnent notamment dans une Galaxie de méduses ou d’étoiles : des impressions 3D de bulbes de verre traversés par des filaments bleus et roses, à moins que ce ne soit une fragile exploration de l’intérieur de notre corps imaginée pour l’un des trois cabinets de curiosités dans lesquels Arickx présente des centaines de carnets à dessin tandis qu’une splendide photographie de Sarah Moon la représente peignant grimpée sur une échelle. Car l’artiste formée à l’Ecole supérieure des arts graphiques de Paris, autant nourrie par la peinture flamande que par les chefs-d’œuvre de la Renaissance ne se limite en rien, pas plus dans le choix de ses formats que dans les sujets qui la traversent – animée quand elle peint par une musique métal à laquelle elle rend hommage dans un diptyque réalisé en 2018 – une huile sur toile émeri qui porte le nom d’un de ses groupes fétiches Amenra ! « Chez Lydie Arickx, l’acte mêlant la joie de l’engendrement à la souffrance d’être né(e) nous entraîne dans une dépense faite d’accouplements, de combats, de morts et de résurrections, producteurs de jouissance et de beauté terrible nous invitant à rejoindre un flux où les chutes, les relèvements, les mêlées et les métamorphoses sont les moyens d’accéder à un rythme vital où le tableau concrétise les épisodes de toute une vie», souligne dans un texte, qu’il consigne dans le catalogue de l’exposition, Olivier Kaeppelin présent lors du vernissage. « J’ai parfois envie de tout effacer, la peinture c’est beaucoup d’émotion, mais aussi beaucoup de plaisir », confie l’artiste qui aime se lancer des défis et dont le sobriquet pourrait être « Lydie à risque ».
«Comme si se coltiner Chambord ne lui suffisait pas, renchérit avec humour le commissaire de l’exposition Yannick Mercoyrol, Lydie s’est donnée ici de nombreux défis techniques. » Notamment la création in situ, d’une huile sur toile imprimée de près de six mètres par neuf (560 x 840 cm) Le printemps 2021, d’après une reproduction à 300 % du chef-d’œuvre de Sandro Botticelli, peint vers 1482. La fresque fut réalisée au sol lors d’une performance publique filmée, etl’accrochage fut en soi une véritable aventure : « On dit que Botticelli y aurait représenté cinq cents espèces florales dont 33 imaginaires,s’en amuse Lydie qui a conservé ce petit rire à la fois timide et espiègle que peuvent avoir les enfants prodiges. C’était très osé pour moi, dit-elle, mais j’ai cette chance de n’avoir pas réfléchi au défi auquel j’allais me confronter ; Botticelli m’a portée jusque-là ! »
C’est d’ailleurs la première fois au château qu’un(e) artiste en investit la chapelle: Lydie Arickx y utilise la lumière comme élément structurant pour y suspendre une Résurrectionde résine réalisée à partir d’une structure de bronze au centre d’un chemin de croix dont chacune des 14 stations du Christ sont symbolisées par une croix confectionnée à partir de matériaux différents – du crin, du bois, un bout de métal… – dans une forme de sobriété radicale qui contraste avec l’accumulation de matière de certaines sculptures. « Il est intéressant de constater ici comment une artiste d’aujourd’hui sans fixation théologique peut s’ancrer dans une tradition chrétienne, commente Yannick Mercoyrol, directeur artistique des lieux depuis dix ans. A Chambord Lydie propose un travail de transmission sur la salle des massacres réalisé avec les enfants des écoles, au charbon sur papier. C’est un travail de la modernité », affirme-t-il, sans une lueur de doute quant à la prise de risque en jeu. « Les dessins des enfants seront exposés dans la salle même des massacres du château », annonce-t-il lors du vernissage. Lydie Arickx travaille sans concession, et la violence que s’inflige les hommes est bel et bien au cœur de son œuvre. Elle avance ainsi guidée par – ou plutôt dans – une tension ambivalente, entre l’enfantement et la mort qui pour elle font partie du même cycle : la vie ! « Prendre le parti de la vie, ce n’est pas nécessairement tourner le dos à la part sombre de l’homme ou de l’histoire, ni s’en extraire ou s’en détacher, encore moins lui imposer silence », écrit Mercoyrol, agrégé de lettres modernes, dans un abécédaire consacré à l’artiste (cf : S comme Suture, page 40, catalogue Abrorescences). On peut lanciner sur les bords, accueillir le supplice et l’entropie tout en faisant œuvre de panser le monde. Il y a, il me semble dans toute cette œuvre comme une suture à vif qui la traverse, une couture invisible, car il serait tout aussi inacceptable de consentir que d’effacer. […] Mais peindre cette faille sans l’escamoter, c’est patiemment aussi, toile après toile, faire œuvre de ravaudeuse, de rebouteuse, et inlassablement recoudre les choses entre elles, raccommoder le visage du monde autour en nous. Ce serait bien ça aussi qui se jouerait dans sa pratique de l’hybridation : comme une réparation de la mémoire et un tissage de l’oubli. »
RENCONTRE
A l’issue de la présentation de l’exposition de Chambord, l’artiste s’est posée quelques minutes devant les douves du château en compagnie d’Alex et de César, tous deux impliqués dans la réalisation de son œuvre qu’elle décrit parfois comme collective. Ainsi, Lydie Arickx qui se définit elle-même comme « une impressionniste des émotions »– si tant est qu’il faille lui imposer une étiquette – a accepté de répondre, le plus spontanément du monde, à nos questions.
ArtsHebdoMédias. – On vous présente comme le fer de lance de l’expressionnisme français, reconnaissez-vous cette appartenance à un groupe ou un mouvement ?
Lydie Arickx. – Non non. D’abord je suis totalement autodidacte mais je me souviens quand Cieslewicz grâce auquel je suis devenue complètement artiste, m’a demandé (le jour avant ma thèse) si je connaissais Kokoschka, Klimt, Schiele… Je lui ai dit non, je ne les connais pas. Je n’avais aucune culture artistique et n’avais pas envie d’ailleurs de les connaitre, j’avais plutôt envie de me « trimbaler » un peu comme un électron libre dans cette faune de l’art. Et aujourd’hui avec le recul–ma curiosité m’amenant à chercher encore et encore les sources de l’art –je ne pense pas que je puisse appartenir à un mouvement ou quelque chose comme ça. C’est beaucoup plus pulsionnel, instinctif… C’est un travail qui part d’un inconscient, qui part d’une forme qui n’existe pas, qui ne se soumet à aucun contrôle et je dirais même, qui ne se soumet à aucune intention. C’est pourquoi j’utilise le mot performance, c’est un travail qui a besoin de sortir de soi. C’est pourquoi on trouve tous les fantasmes dedans, toutes les peurs, tout ce à quoi on veut échapper. Je ne crois pas qu’on puisse appeler cela « expressionisme ». Je crois plutôt que c’est « un impressionnisme des émotions » : c’est comme si je prenais des émotions comme ça, au passage –comme le font les peintres impressionnistes –et que je les posais sur la toile. C’est plutôt ça !
Et quand avez-vous su que vous étiez artiste ?
J’ai un jour, quand on m’a posé cette question, répondu que mon premier atelier était le ventre de ma mère. Je suis née comme ça, je n’ai pas cherché. Dans mon premier atelier, je repeignais le ventre de ma mère. L’œuvre est un château de cartes fracassable, rien de plus qu’un fragment d’éphémère qui sans cesse renaît. Une vie d’artiste peut (se) contenir dans un seul tableau et une seule sculpture.
Quelles sont vos origines et vos inspirations ?
Les Flandres du Nord. J’aime beaucoup la peinture flamande, Hans Memling… J’y vois une profondeur mystique, une exigence d’être dans cette espèce de recherche permanente, de quête de soi, de ne rien occulter, de ne pas être dans le déni. Mais plutôt « dans la beauté de tous nos monstres » : c’est Marcel Moreau, qui dit cela [1], un très grand ami, un immense écrivain décédé du Covid cette année.
[1] Marcel Moreau est un écrivain francophone belge né en 1933 dans la région minière du Borinage. Considéré comme marginal par son style verbal organique teinté de lyrisme et d’envolées paroxystiques, il est l’auteur d’une œuvre considérable qui lui valut en 2006 le prix Jan Arp de littérature francophone pour son ensemble.
Comment appréhendez-vous le rapport à la mort, au morbide, ou au macabre ?
Je ne sais pas ce que c’est. Non, non, la mort ce n’est pas morbide, ce n’est pas parce qu’il y a le mot « mort » dedans. La mort, c’est vivant je trouve. Oui les massacres, la cruauté existent ! La violence existe, les migrants existent ! La justice aussi… Moi, je monte au front à ma manière avec ce que je fais, j’essaie de ne pas occulter ce que j’ai à dire… comme beaucoup de peintres flamands d’ailleurs, comme Van Eyck, comme tous ces peintres qui cherchaient la raclure au fond du fond… J’essaie de les laisser venir. Il y a des choses qui resurgissent à chaque instant bien sûr, mais ce n’est pas une thérapie non plus. C’est un besoin d’être dans sa propre réalité.
Comment vous positionnez-vous quant à la tendance –une résurgence ?–éco-féministe actuelle ?
Je pense que j’ai beaucoup de chance d’être dans la création. Et je pense aussi que lorsque j’étais mère, j’étais encore dix milliards de fois plus encore, dans la création. Enfanter tous les jours à tous les instants des nouvelles formes de vie c’est merveilleux. J’ai une œuvre qui est très matricielle, qui parle beaucoup de la vie, de l’enfantement de la genèse. De l’amour aussi. Je partage le combat des femmes pour exister. Je crois qu’on a tou.te.s une faculté d’exister qui est énorme et possible quelque part. Il faut trouver le moyen de se faufiler. Moi, j’ai eu cette chance d’être femme, d’être mère et d’être artiste : je suis comblée !
Quel est votre relation avec la peinture ?
Je suis un outil… Je ne sais jamais quand je vais commencer ni arrêter. Je suis au service, oui, oui. Je suis juste là pour répondre, au moment où cela va m’être dicté d’y aller… Je pars avec mon panier pour faire les courses et puis je m’arrête pour monter à l’échelle parce que c’est le moment : quelque chose vient de me harponner et c’est merveilleux. C’est faire preuve d’une forme d’humilité et d’une disponibilité énorme que d’être au service des pulsions inconscientes de la création. Je remercie tous les jours d’être libre, car je ne me demande jamais, qu’est-ce que je vais peindre ? Je ne suis jamais en panne. Je suis disponible. Je suis traversée !
Il semble que vous travaillez en famille, qu’en est-il ?
César notre fils a fait des études de médiation culturelle, aussi je pensais qu’il allait se diriger vers le commissariat d’exposition ou bien même vers la réalisation, le montage, et bien non : il a voulu travailler avec nous, c’est-à-dire avec Alex et moi : j’ai tenté de le décourager, je lui ai dit d’aller voir le monde mais non, il a insisté alors nous avons tenté l’expérience une année et cela fait 10 ans que nous travaillons ensemble !C’est le bonheur. Grâce à César, nous expérimentons dans des directions où nous ne serions pas allés, nous faisons des découvertes, des performances scientifiques et techniques qui sont des avancées pour nous. Avec Alex, tout tient debout ! Or si je veux faire un Adam qui fait 4 mètres de haut sans Alex ça ne tiendra pas. Ainsi, je navigue entre ces deux ingénieries différentes et moi je butine avec « mes bras de disponibilité ». J’ai beaucoup de chance… Il n’y a pas de mot pour ça.
La présence au monde, de Lydie Arickx est une force vive dont la puissance ne s’exprime pas seulement à travers ses toiles ou ses sculptures mais qu’elle nous transmet dans ses livres : « Ce que je regarde m’agite, mon émotion est toujours vierge. Il y a un risque à voir, le précipice d’un premier envol », confie-t-elle dans un extrait D’Encre et d’encore,une publication récente qui suit l’artiste au plus près de sa vie quotidienne, dans son atelier. « On pense en regardant et puis plus rien ne compte que l’ivresse, l’émulsion entre mes reins, c’est l’œuvre qui ma repeinte ».
Dans le silence abbatial de l’Abbaye de Flaran
Tandis que paraissait D’Encre et d’encore aux éditions Diabase en 2021, Lydie Arickx travaillait sur l’exposition de Chambord Arborescences, dont les œuvres sont consignées dans un catalogue de 160 pages édité chez In Fine, réunissant, au côté de 200 illustrations, les textes d’une dizaine d’auteurs dont ceux du directeur du patrimoine et de la programmation de Chambord Yannick Mercoyrol, commissaire de l’exposition, mais aussi du philosophe Yves Michaud, du président du Centre des monuments nationaux Philippe Bélaval, ou encore des écrivains Marie Darrieussecq et Patrick Grainville, pour ne citer qu’eux ! Aussi engagés et passionnants soient les textes qui décryptent l’œuvre de cette artiste hors normes, la peinture d’Arickx, s’insère mal dans les pages d’un livre : trop puissante, trop gigantesque ? Trop crue ? Trop ! Les toiles et les sculptures de l’artiste exigent le face à face et l’espace. Chambord avait été une claque, mais il m’en fallait encore ! Au retour d’un périple dans le Gers, je m’arrêtais à l’Abbaye de Flaran fondée à Valence-sur-Baïse en 1151, déclarée depuis l’an 2000, « Grand site Occitanie » : en parallèle d’expositions d’artistes contemporains, d’ateliers et de concerts, l’abbaye cistercienne abrite une importante collection privée de chefs-d’œuvre réalisés entre le 16eet le 20esiècle, et gracieusement déposée là, par le collectionneur Michael Simonow.
Près d’une vingtaine d’œuvres dont quatre grands polyptiques de près de 3 mètres par 12 (292 x 1248 cm) sont exposés dans l’église abbatiale. Ces tableaux réalisés en 2010 portent le titre deL’accouchement de la conscienceou de son Abandon. Dans la nef, est exposée la Catharcis (292 x 1035 cm) réalisée en 2014 ; d’autres toiles font référence à la descente du Christ, au Radeau de la Méduse ou à Sainte Quitterie, la fille du roi wisigoth Aetius, vénérée dans le Sud-Ouest, qui fut décapitée par le prince germain en 476 à qui elle avait été promise malgré ses vœux de chasteté… On y est également confronté à la sculpture impressionnante d’une Charogne réalisée en 2020…
Les hommages laissés dans le livre d’or sont dithyrambiques ou bien cinglants, les enfants, qui ont trouvé chez Lydie un écho à la densité de leurs émotions, s’adonnent avec passion à la critique d‘art, mais le pèlerin n’aime pas qu’on mélange le sacré et le contemporain dans une église dont la symétrie harmonieuse de l’architecture qui honore dieu, apparait ici spoliée par la descente d’un Christ trop écorché d’où ruisselle encore la douleur ; par des assemblées humaines de zombies, dont la fourberie, la cruauté, la veulerie, le mensonge et la trahison se lisent dans les regards exaltés par la peinture. Ça dérange. Ça vous prend aux tripes, ça vous submerge quand la honte de ce qui vous relie à l’humanité vous envahit comme une sève empoisonnée qui s’immisce dans vos veines. Dans le silence abbatial, on ne déambule pas de la même façon qu’on admire en famille la puissance de l’artiste qui se confronte à Chambord. Ne me consolez pas !, tel est le titre de la monstration d’Arickx à Flaran qui reprend celui de son exposition-performance réalisée en 2016 à La Conciergerie de Paris dans la chapelle expiatoire. A Flaran, ses peintures vous font expier par le corps tandis qu’à Chambord elles célèbrent la vie au-delà de la mort.
Informations complémentaires :
Voir la vidéo de Lydie Arickx dans son atelier au moment du transport de l’œuvre à Chambord – 2021 ici
Lydie Arickx est représentée par Galerie Capazza à Nançay 1 rue des Faubourgs, 18330 Nançay. Tel 02 48 51 80 22 – www.galerie-Capazza.com
Arborescences, Lydie Arickx, Château de Chambord : du 30 mai au 17 octobre 2021. Exposition comprise dans le droit d’entrée du château et des jardins à la française. Ouverture du château tous les jours de 9h à 18h. Tarifs d’entrée : 14,50€ (PT), 12 € (TR) et entrée gratuite jusqu’à 25 ans pour les membres de l’UE (sur présentation de la CNI).
Ne me consolez pas ! du 18 juin au 17 octobre 2021. Lydie Arickx,à l’Abbaye de Flaran, Valence-sur-Baïse 32310. www.abbayedeflaran.fr
Au-delà des limites, du 3 octobre au 28 novembre 2021, la galerie Gilles Naudin présente un duo show de Lydie Arickx et Nurcan Giz, au Fond International d’Art Actuel, Le Mans.
Crédits photos : Photo d’ouverture : Lydie Arickx devant Des enracinés, polyptique 2020 huile sur toile émeri 292 x 1832 cm © Arborescences-Chambord 2021
Lydie Arickx, Le Grand Bleu (détail) ©orevo, La Fève ©orevo, Arborescence©orevo, portrait de Lydie Arickx 2020 ©Sarah Moon, Le Printemps, 2021 , montage ©orevo, L’évolution (Oscar- détail) ©orevo, Portrait de l’artiste Juin 2021 ©orevo, l’Abandon de la conscience (détail) ©orevo, Genèse ©Galerie Capazza, Grandeur ©orevo, Descente 4©orevo, Portrait de l’artiste et d’Alex©orevo, le radeau de la Méduse©orevo, l’Abandon de la conscience (détail)©orevo, livre d’or détail ©orevo.