Au commencement est le dessin

Passionnés de dessin contemporain, à vos agendas ! DDessin Paris est de retour. La sixième édition de l’événement se tiendra à l’Atelier Richelieu, du vendredi 23 au dimanche 25 mars. Sous la direction artistique d’Eve de Medeiros, directrice et fondatrice du salon, et de Christophe Delavault, elle réunira une vingtaine de galeries et trois solo shows consacrés à Harold Guérin, Kokou Ferdinand Makouvia et Brigitte Lurton. Comme leur habitude, les illustrateurs seront présentés ensemble dans un espace spécialement dédié. Vous pourrez y découvrir les travaux d’Agathe Toman, Pierre de Bonneuil, Popy Loly de Monteysson et David Scrima. D’autres nombreuses surprises seront à découvrir, comme les explorations d’Annina Roescheisen, coup de cœur de DDessin, et la pépinière d’artistes, nouvelle initiative qui permettra de mettre en lumière une scène audacieuse et innovante de la discipline. Performances, signature du livre Rio Nosso de Johanna Thomé de Souza et remise du Prix DDessin Paris/Institut français de Saint-Louis complèteront le programme. A l’étage, ArtsHebdoMédias présentera des œuvres de Mobile Art, toutes en rapport avec le trait et le Smartphone. A quelques jours de l’inauguration, retrouvons Eve de Medeiros.

ArtsHebdoMédias. – Pourquoi se lancer dans une telle aventure ?

Eve de Medeiros. – Tout est parti de mon intérêt pour le dessin et d’un constat relatif à la difficulté pour la jeune scène artistique de montrer son travail. Il est toujours très difficile de se faire une place dans un milieu où les galeries misent essentiellement sur des œuvres déjà bien considérées. J’ai donc eu l’idée de créer, en 2013, un événement pour une nouvelle génération d’artistes et de galeristes. Sans exclure, par ailleurs, ceux plus établis mais montrant de jeunes talents. De plus, j’avais envie de faire découvrir le dessin sous toutes ses formes. La feuille et le trait ne devaient pas monopoliser l’espace et l’attention. Dès la première édition, j’ai donc souhaité la présence de la bande dessinée, du dessin animé et de l’illustration parce que quoi qu’il arrive tout commence toujours par un dessin. Quoiqu’un artiste fasse, il dessine. Ensuite, nous avons présenté du dessin en mouvement sur des tablettes, des performances dessinées, du roman graphique… Aucune forme de dessin n’est exclue. La preuve, cette année ArtsHebdoMédias fait découvrir des dessins augmentés que les visiteurs admireront grâce leurs téléphones mobiles.

Que réserve cette 6e édition ?

Nous avons souhaité nous intéresser une fois encore au territoire-région et au territoire-continent, présenter tant des artistes installés à Montreuil ou Avignon que des ressortissants d’Iran, des pays africains ou du Vietnam. Nous avons une réelle expérience dans ce domaine. Rappelons qu’en 2013, nous avions exposé des œuvres de Massinissa Selmani, en 2014 de Nidhal Chamekh, et l’année suivante d’Emo de Medeiros. Simone Pellegrini vient d’Italie et Patrick Loste du Languedoc. Ces artistes ne sont que quelques exemples de la diversité à la fois géographique et plastique de ceux que nous aimons faire découvrir.

De gauche à droite : Dessin signé Florian Nguyen et Sans titre (2018) de Louis Le Kim.

Avez-vous une stratégie de la découverte ?

Je bouge énormément, tant pour rencontrer des galeries que des artistes. Ce qui par ailleurs ne m’empêche pas d’être à l’écoute des responsables d’institution. L’échange est primordial. Mais il faut admettre que, souvent, les plus belles rencontres sont le fruit de coïncidences. Comme avec Arthur Novak, qui sera parmi les premiers à bénéficier de la Pépinière DDessin. J’ai fait sa connaissance par l’intermédiaire d’une amie, alors que j’étais en vacances dans le sud de la France. Un scénario dans le même esprit a présidé à ma rencontre avec Florian Song Nguyên. Quand vous vous intéressez sincèrement à une chose, c’est elle qui finit par vous trouver. La Pépinière est la nouveauté de DDessin Paris 2018. Elle a été imaginée pour mettre en avant les travaux de jeunes talents et inciter les galeries à les suivre, voire à les exposer.

Parlez-nous de la résidence liée au Prix DDessin.

Cette résidence de trois semaines est la récompense attribuée au lauréat du Prix DDessin/Institut français de Saint-Louis du Sénégal, partenariat né d’un constat partagé avec son directeur, Marc Monsallier : les artistes français ne connaissent que très peu l’Afrique, en dehors du Maghreb. Cette résidence sera donc l’occasion pour le créateur primé de découvrir le Sénégal et, surtout, d’aller à la rencontre de sa population. Les œuvres produites sur place seront exposées et nous comptons sur l’artiste pour créer un maximum d’interactions avec la ville d’accueil.

De manière générale, comment se porte le dessin contemporain ?

Très bien. Je crois même que nous pourrions dire qu’il est devenu « tendance ». Quand j’ai créé DDessin en 2013, de nombreuses galeries me disaient franchement ne pas en avoir car ne pas s’y intéresser. J’étais très surprise par cette attitude car, qu’ils soient plasticiens, architectes, designers ou stylistes de mode, tous les créateurs dessinent. Au commencement est le dessin. De plus, cette attitude fermée empêchait le marché de se développer. La plupart du temps, un dessin est moins cher qu’une peinture ou une sculpture. Son prix abordable le rend plus attrayant pour toute personne souhaitant acheter une première œuvre d’art. Le dessin peut déclencher des vocations de collectionneurs. Nombreux sont les jeunes visiteurs de DDessin qui ont sauté le pas. Aujourd’hui, tout le monde souhaite présenter du dessin. Cela ne fait plus aucun doute.

Alors, difficile désormais de se renouveler ?

Je ne suis pas inquiète. Coco Chanel disait : « Prenez mes idées, j’en aurai d’autres ! »

Vague, Arthur Novak.
Contact

DDessin Paris, Cabinet de dessins contemporains, Atelier Richelieu, du 23 au 25 mars. Le vendredi et le samedi de 11 heures à 20 heures. Le dimanche de 11 heures à 19 heures.

Crédits photos

Image d’ouverture : Vue de DDessin 2014 © DDessin –

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