Accueillie en résidence par la toute nouvelle scène de recherche construite par Renzo Piano pour l’Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay, la metteuse en scène et vidéaste Véronique Caye, éternelle chercheuse qui emprunte autant son vocabulaire à l’univers de Lynch qu’à la langue de Shakespeare – ou ici à la peinture de Giorgione (1477-1510) – nous attend les 27 et 28 février 2020 pour deux représentations de La Tempête, un spectacle conçu avec la collaboration de la plasticienne et scénographe Pascale Stih reposant sur le personnage de Prospero à l’aune de notre quotidien numérique. Si le « hero » de Shakespeare, figure de proue de la Renaissance anglaise faisait en 1610, référence au duc de Milan détrôné par son frère parce qu’il lisait d’avantage qu’il ne dirigeait ses terres ; à l’ère de la cybernétique, Prospero s’apparente plutôt à un chatbot avec lequel les spectateurs entraînés par des comédiens et des circassiens vont pouvoir converser. Or dans le milieu universitaire, Prospero, qui tient pour PROgramme de Sociologie Pragmatique, Expérimentale et Réflexive sur Ordinateur, est aussi le nom d’un logiciel conçu par deux membres de la Doxa et connu pour sa vocation à l’analyse et la comparaison de dossiers complexes, aidant les chercheurs à décrire des processus d’alertes, de controverses, d’affaires ou de polémiques. Que cela soit dit avant de vous inscrire pour entrer dans la Tempête qui s’annonce ! Produit par le Laboratoire Victor Vérité et avec le soutien scientifique de Michèle Gouiffès du LIMSI-CNRS, l’événement répond à une double invitation : la première consiste à regarder notre environnement quotidien, notre tempête ; s’ensuit une mise en abîme de nos repères spatiaux temporels, dont la réalité est augmentée par la « magie » visuelle de Yukao Nagemi et le son spatialisé de Frédéric Minière. Qui pourrait aujourd’hui affirmer avec une certitude que sa vie n’est pas un songe ? Une fois le doute semé, une réflexion sur notre rapport aux images, au réel et à l’illusion s’installe…
Scène de recherche de l’ENS Paris-Saclay : le jeudi 27 février à 14h et 18h et le vendredi 28 février à 19h30. Entrée libre dans la limite des places disponibles et sur réservation.