Lion d’or de la Biennale de Venise, à 2019, Sun & Sea retrouve ses terres. Cinq ans après sa création, l’opéra lituanien écologiquement engagé rentre au pays. C’est à Vilnius où tout a commencé que les artistes ont décidé de terminer l’année. « Ce n’est pas seulement un retour aux origines de l’œuvre, c’est aussi un retour à la langue lituanienne. Se produire dans sa ville natale est à la fois une joie immense et une grande responsabilité », expliquent d’une seule voix Lina Lapelyte, Vaiva Grainyte et Rugile Barzdziukaite, respectivement metteuse en scène, scénariste et compositrice. Pour l’occasion, un parking désaffecté a été transformé et plusieurs tonnes de sable acheminées pour créer une plage, élément principal de la production. Ecrit pour servir la cause environnementale et alerter sur les conséquences du réchauffement climatique, Sun & Sea se présente comme un tableau vivant, une scène de plage. L’œil un peu voyeur du visiteur passe incrédule d’un couple en train de déjeuner, à des joueurs de cartes, une superbe naïade alanguie, des enfants et leur château de sable… Il y a quelque chose du monde d’après dans cette insouciance cernée de béton. Tout à coup, une mélodie se fait entendre subrepticement. A peine le temps de croire à un rêve qu’une nouvelle voix s’élève. Des corps en maillot de bain, montent désormais des chants, qui circulent, se répondent, se stoppent net et reprennent. Les paroles s’attardent sur le sort funeste de notre Terre ; l’opéra est tragique mais la magie totale. Durant cinq heures, les spectateurs installés en surplomb des chanteurs peuvent se déplacer librement et se laissaient charmer par la beauté critique de Sun & Sea. Au T Park, à Vilnius, jusqu’au 20 décembre.
