Disparition d’Erwin Olaf

Tar & Feathers I & II, Selfportrait-Du goudron et des plumes I & II, autoportrait. ©Erwin Olaf

Erwin Olaf s’en est allé. Le plus célèbre des photographes néerlandais s’est éteint le 20 septembre dernier, à l’âge de 64 ans, succombant à une longue maladie. Selon l’avis de décès publié par ses proches, « il y a quelques semaines, Erwin a subi une transplantation pulmonaire. Il semblait s’en remettre. Puis soudain, son état de santé s’est détérioré rapidement. Il n’a pu être réanimé ». La fin d’un combat mené pendant plus de vingt cinq ans. Epreuve qui lui aura inspiré de nombreux autoportraits sombres, sophistiqués et magnifiques, d’où émane une lucidité bouleversante. Demeure une œuvre considérable à l’esthétique particulière, d’une beauté déroutante, provocante, élégante et subtile, trouble et subversive.
Erwin Olaf s’était spécialisé dans la photographie de mode et ses portraits célèbrent la magnificence des corps, des visages et des regards de celles et ceux qui assument leurs différences. Ils reflètent les influences mêlées de la photographie de studio, de la peinture flamande – qui le fascinait – et du cinéma. Construites comme des mises en scènes surfant les interdits, ses images plongent le spectateur au cœur d’un récit fantastique, l’entraînent dans les limbes d’une sexualité et d’une mélancolie noires. Des photographies qui diffusent une atmosphère étrange, dérangeante, fascinante, où une lumière crépusculaire sculpte les visages. Et qui offrent à l’imaginaire des possibles en nombre.
Militant LGBTQ+ très actif, l’artiste avait été anobli par le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas pour son implication dans la défense des droits de la communauté homosexuelle. Il avait, il y a peu, reçu la médaille d’honneur pour l’art et la science de l’ordre de la Maison d’Orange.
Sa dernière exposition, une rétrospective intitulée La beauté est un leurre, présentée dans le cadre de la onzième édition des rendez-vous photographiques Portrait(s), est visible à Vichy, esplanade du lac d’Allier et vient d’être prolongée jusqu’au 29 octobre. Y a-t-il un meilleur hommage à lui rendre que d’aller la voir ou la revoir ? Erwin Olaf laisse aux générations d’artistes à venir une immense source d’inspiration. Et à tous les spectateurs, l’étrangeté d’une œuvre percutante et actant pour la tolérance.
La rédaction d’ArstHebdoMédias présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.