Pour la première fois, Art Paris Art Fair marque la rentrée. La foire d’art contemporain qui se tient habituellement au printemps commence demain et se tiendra au Grand Palais éphémère, nouvelle structure réalisée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte sur le Champ-de-Mars. Pour sa 23e édition, elle accueillera 140 galeries, qui donneront à voir un aperçu du travail de plus de 900 artistes. Comme chaque année, l’événement permettra de (re)découvrir un large panorama de la création moderne et contemporaine internationale, grâce à des galeries venant de plus d’une vingtaine de pays. Fidèle à ses engagements, Art Paris Art Fair met en avant la scène hexagonale et plus précisément cette année le portrait ainsi que la figuration en peinture. La foire se tiendra jusqu’au dimanche 12 septembre.
La scène française en portrait(s). Pour soutenir le marché de l’art en France, Art Paris Art Fair a invité Hervé Mikaeloff, commissaire d’exposition indépendant, à sélectionner 20 peintres de la scène française choisis parmi ceux représentés par les galeries participantes. Réunis autour du portrait et de la figuration, ces artistes proposent une vision renouvelée de leur art, souhaitant dépasser le rejet de la peinture observé durant les années 1990. « En choisissant le thème du portrait au sein de la scène française, mon souhait est de présenter un renouveau de l’art figuratif. Au-delà d’un simple effet de style, le portrait permet aux artistes de construire un nouveau rapport au monde. » S’appuyant sur la pensée d’Emmanuel Levinas, Hervé Mikaeloff conçoit le portrait comme un point d’ancrage dans le rapport à l’humanité, auquel selon lui chaque artiste apporte une « parcelle de vérité ». Jérôme Zonder (galerie Nathalie Obadia, stand C7), Nazanin Pouyandeh (galerie Sator, stand D17), Yan-Pei Ming (galerie Thaddeus Ropac, stand B5) ou encore Marcella Barceló (galerie Anne de Villepoix, stand D10) sont autant d’artistes qui explorent par le portrait le rapport sensible au réel, à l’image et à son statut, mais aussi à l’Autre.
Hervé Mikaeloff s’intéresse aussi à la réalité sociale contenue dans cette figuration. « C’est à partir du visage, qu’on peut considérer la manière de penser le rapport à autrui, derrière le visage de l’autre, il y a toute l’humanité. » Une forme de brèche dans le réel qu’effectuent, notamment par l’usage de la photographie, Claire Tabouret (galerie Almine Rech, stand B4), Thomas Lévy-Lasne (galerie Les Filles du Calvaire, stand D2) ou encore Jean-Luc Blanc (galerie Art : Concept, stand I3). La peinture leur permet de transcender la réalité frontale de l’image, à l’heure de son omniprésence, et d’y insuffler un décalage, temporel, fictionnel ou de transformer son statut. La figure apparait alors comme un véritable témoignage de notre temps, questionnant l’identité et le genre. Ces œuvres se font également parfois observatrices et critiques d’une époque, réflexives sur le rapport à l’autre et au monde. Dans celles de Dorian Cohen (galerie Paris-Beijing, stand A5), se développent des scènes quotidiennes, pareilles à des récits suspendus. Bilal Hamdad et Arnaud Adami (H Gallery, stand F6), grâce à une touche hyperréaliste, nous plongent dans des scènes urbaines où des figures ordinaires et anonymes sont mises à l’honneur.
Focus sur les solo shows. Comme les années précédentes, plus d’une vingtaine de galeries ont fait le choix d’expositions monographiques, qui permettront entre autres et en détail de découvrir l’œuvre de trois artistes, eux aussi sélectionnés par Hervé Mikaeloff. Alex Foxton (galerie Derouillon, stand D8) interroge la masculinité par la représentation de figures historiques ou mythologiques comme Saint Georges. François Malingrëy (galerie Le Feuvre & Roze, stand F7) développe, quant à lui, un univers poétique où banalité et étrangeté se confrontent, et où des personnages anonymes évoluent dans une atmosphère pesante. Ce contraste peut également se retrouver chez Rose Barberat (galerie Pact, stand C14) : ses figures évoluent dans un monochrome flottant et vacillent entre réalité et fiction. Fraichement diplômée des Beaux-Arts de Paris, l’artiste utilise la photographie comme un outil du réel qu’elle fait basculer vers l’autofiction. La figure en peinture apparaît ainsi dans toutes ces œuvres comme un pont entre la réalité et un ailleurs sensible. D’autres univers sont à explorer, dont celui d’Ivan Messac à la Art to Be Gallery (stand I9), celui de Jessie Homer French chez Massimo De Carlo (stand D14), de Georgina Maxim à galerie 31 Project (stand I13) ou de l’artiste iranienne Mojé Assefjah à la Galerie Tanit (stand F2).
Promesses, sensibilités émergentes. Si la figuration picturale est à l’honneur cette année, les galeries émergentes ne sont pas en reste. Grâce au programme Promesses, Art Paris Art Fair apporte son soutien à six d’entre elles, invitées à présenter un maximum de trois artistes et dont presque la moitié des coûts de participation est prise en charge par la foire. Dans cet espace, nous retrouverons les lignes sinueuses de la peintre Ana Karkar. Présentées par la galerie Hors-Cadre (stand G10), ses œuvres tentent de ramener le corps dans un espace tangible, à l’ère de sa dématérialisation. Des figures qui vacillent comme soumises aux ondes des premières télévisions cathodiques. En dehors du programme Promesses, d’autres jeunes galeries proposent un nouveau regard sur la figuration, comme Afikaris (stand J2), dont les trois artistes exposés, Saïdou Dicko, Salifou Lindou et Cristiano Mangovo travaillent les notions d’identité, qu’elles soient politiques ou individuelles. Des notions également abordées par l’Américain Kehinde Wiley, représenté par la galerie Templon (stand D13), et ses portraits en majesté de figures habituellement exclues des représentations.
En exclusivité pour Art Paris Art Fair. Réalisée par l’artiste japonais Kohei Nawa dans le cadre du concours international lancé par le Département des Hauts-de-Seine, Ether (Egalité) sera présentée en exclusivité lors de cette édition d’Art Paris Art Fair. Pour cette œuvre de 25 mètres de haut, qui prendra place à la pointe de l’Ile Seguin, l’artiste s’est inspiré de la chute d’une goutte d’eau, symbolisant selon lui l’égalité de tout être face à la gravité. S’inscrivant dans une époque où matérialité et virtuel s’échangent et se complètent, l’œuvre sera accompagnée d’une application de réalité augmentée développée en collaboration avec Danae.io, l’unique plateforme de NFTs française, et permettra au public de poursuivre sa découverte de l’œuvre.