L’année 2023 marque les 50 ans du hip-hop que plusieurs expositions et événements ne cessent de consacrer. Une exposition à l’artothèque de la ville de Pessac, intitulée Le Mouv’, Hip Hop, de son histoire à ses scènes, met l’histoire de cette culture à l’honneur à travers une jolie rétrospective composée de photos et vidéos old school, des tenues de B-Boys, du graffiti bien entendu et d’autres surprises sonores et visuelles à découvrir de toute urgence. À cette occasion ArtsHebdoMédias a demandé à l’organisatrice et à l’un des curateurs de s’exprimer sur ce qu’est le hip-hop selon eux. Voici leurs réponses.
Valériane Mondot, conceptrice du projet et créatrice de la Taxie gallery en 2001.
« Pour moi qui n’ai pas connu le hip-hop – je n’étais pas en France ou, par la suite, jeune maman–, c’est la consécration de toute une jeunesse désœuvrée, qui à partir de rien a fait un (ou des) mouvement(s) d’une grande richesse. Grâce à l’exposition de Pessac, j’ai beaucoup appris sur son histoire et son évolution. Comme pour le graffiti, je suis admirative de cette hargne volontairement positive, généreuse qui a fait naître le hip-hop dans des atmosphères et sociétés violentes, en crise et individualistes.
Et encore plus épatée et ravie de voir que ceux qui autrefois méprisaient et tentaient d’éradiquer cette parole libre et populaire courent aujourd’hui derrière cette culture… jusqu’à la hisser au plus haut du luxe même…. Drôle de les voir se grimer en street fashionistas ! J’adore ce revirement et ne peut qu’être subjuguée, y trouver raisons et réconforts. L’avenir existe, la vie n’est pas plate et tout le monde à son moment à lui. C’est pour moi un message d’espoir. Et je ne cesse de me demander si ce n’est pas dans la pire des situations, que naîtraient le génie et la création. Cette culture, sa résistance puis son importance interrogent beaucoup ! Et j’applaudis. »
Comer OBK, artiste et collectionneur ou comme il aime se définir « archiviste » des débuts du hip-hop à nos jours.
« Difficile de résumer une si forte culture, mais je dirais que le hip-hop est une culture pluridisciplinaire, regroupant les arts de la danse (debout et au sol), de la musique (djing), du chant (rap) mais également et surtout, car il est le fer de lance, celui de l’écriture (graffiti). C’est une culture du partage, novatrice, créatrice, énergique et à l origine complètement autonome et indépendante. Elle a su donner une voix (une voie) à des mômes qui n’en avaient pas ou qui ne se reconnaissaient ni dans les valeurs, ni dans les cases de vie sociale qu’on leur proposait. En cela, elle a puisé la force de conquérir le monde, car elle représente aujourd’hui l’art majeur du monde contemporain. […] HIP-HOP DON’T STOP. Le Hip-Hop m’a permis de me construire et de m’ouvrir au monde. De m’épanouir, de m’intéresser à des choses, à des gens, à des cultures sur lesquelles je ne me serais (peut-être) pas penché. Je vis cette culture à travers ma discipline qu’est le graffiti et ce depuis plus de 35 ans. Alors, quand la question est : “Comment vis-tu le hip-hop ?”, la réponse est tout bonnement : il m’a littéralement marqué à vie ! »
Artistes invités> Bom.K, Cope2, Deace, Dize, Diksa, Japs, Juan MAC, Moze156, Part1, Tkid170, Sidne, Sonic Sumer1, Emanuel Bovet ,Martha Cooper, Henry Chalfant, Jon Naar, Yoshi Omori.
Pour en savoir plus> Un catalogue de l’exposition est disponible Le Mouv’. HIP HOP, de son histoire à ses scènes, Édition Taxie Gallery, 2023, 70 pages. Textes de Caire Calogirou, Comer OBK et Valériane Mondot, 25€.
Infos expo> Jusqu’au 27 septembre 2023 à l’artothèque Les arts au mur, 2b av. Eugène et Marc Dulout, 33600 Pessac dans le cadre des VU le Off avec le soutien de la Ville de Pessac.