Elle porte un défi et défie un secret. Entre urgence et nécessité, se joue un âpre combat dans le champ clos de toiles traversées de souffles telluriques. Cette omniprésence magmatique au sein de sa peinture n’est qu’un temps suspendu, la présence audacieuse et encore irrévélée non d’une forme à venir mais, peut-être, de son essence même. Surgissent de ce souffle éruptif ni cendres ni noires fumées, mais des ors en fusion, des gris de métal, des cobalts bleus ou verts, des cinabres, des noirs minéraux, et comme une aura qui parfois – dirait-on – flotte alentour…, une magie blanche s’exhale loin des sombres volutes de la représentation convenue. Ces silhouettes incertaines, pénitents ou damnés cherchant à s’extirper de rets invisibles ou du magma de leur condition, trahissent toute la dualité de l’être, son combat vers la lumière. Sur la toile ou la bâche, la matière se craquelle, se lézarde, laisse entrevoir lueurs et fulgurances ; griffures et lacérations sont les voies silencieuses de l’armure fendue par où l’artiste laisse s’échapper son cri lancinant, et parfois livre comme malgré elle sa mélancolie.Toile N°1
Par métaphore, ses oiseaux piégés par la marée noire qui tentent l’envol, englués dans ce noir si noir, ces affligés par accident, témoignent de l’énigmatique question : A noir, E blanc…, les non-couleurs paradent entre ciel et mer. Le noir ici signe la souffrance, la mort, le blanc est une luminosité quasi irréelle, insaisissable. « Elle est retrouvée. Quoi ? – l’Eternité. C’est la mer allée/Avec le soleil. »
Ses ombres de lumière peuvent porter les stigmates du temps, les rides du passé, elles sont aussi l’ardent témoignage de cette quête vers l’invisible. Toile, papier, carton, bâche ou sculpture, l’œuvre de Sophie Rocco, au travers de ses strates, ses opacités, se construit sans garde-fous ; long et patient travail dans la voie de l’accomplissement, à la manière des maîtres zen, hors du temps.
Cette présence-absence au monde, elle la traduit par cette lumière venue d’ailleurs qui habite la toile, la transfigure, lui donne sa raison d’être. La Pietà de l’artiste semble nous dire que le chemin parcouru est un chemin de lumière et de vie, et non de mort. Le noir de cruauté de Rimbaud n’a plus lieu d’être. L’angoisse conjurée, le trouble assumé, fût-ce au prix d’une déchirure ou d’une souffrance tenue en respect, et l’opacité est enfin déjouée. L’oraison, qui semblait condamnée à se trouver écartelée entre la transcendance et la solitude trouve alors, même si elle doit être éphémère, son épiphanie.
Sophie Rocco – Atelier 15, rue Dautancourt 75017 Paris. Du 21 août au 21 septembre exposition Galerie Bogéna 24, rue Grande 06570 Saint-Paul-de-Vence. Tél. : 04 93 32 53 60 et bogena(at)bogena-galerie.com
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