Olga Kisseleva à Paris – Le mystère de l’Urban Datascape

La semaine dernière a été inaugurée sur les berges de la Seine, à Paris, Urban Datascape, une installation multimédia et interactive d’Olga Kisseleva. Cette pièce a été imaginée dans le cadre d’ArtCOP21, une manifestation culturelle autour du climat qui se déroulera jusqu’à la 21e Conférence des Nations Unies pour le Climat (COP21) qui aura lieu du 30 novembre au 15 décembre, dans la capitale française.

Dans les mondes sensibles (1) d’Olga Kisseleva, le temps n’a pas d’emprise. Chacun des dispositifs imaginés vient répondre à une observation, une interrogation, un problème de notre société. De toute éternité ou seulement portés par l’époque. L’artiste, sans jamais se lasser, explore notre environnement et ses questionnements. Elle nous parle de nous et de ce qui nous entoure. A peine détecte-t-elle un dysfonctionnement, que la voilà en quête d’une solution artistique pour y remédier ou, du moins, encourager une réflexion. Urban Datascape (2) ne fait pas exception. Ce dispositif, inscrit sur les berges de la Seine à quelques pas du pont de la Concorde, cache bien son jeu. Comme toujours, l’artiste aime à utiliser la technologie, et plus largement les sciences, sans en avoir l’air. Ce monumental code digimatrix est d’abord une installation faite de matériaux en bois recyclés, non toxiques et donc propres. Le détail a son importance, car derrière l’esthétique pointe toujours une cause à servir. Ici, l’écologie de l’eau. Pour la plasticienne, qui a grandi en Union soviétique, l’artiste n’existe que « pour exprimer des idées, les formuler, les faire passer auprès du public et dialoguer avec lui ». Il est donc essentiel de ne jamais laisser le regardeur sur sa faim. L’œuvre doit toujours combiner forme et fond.

Olga Kisseleva
Urban Datascape, Olga Kisseleva, 2015

Dressée à la verticale, Urban Datascape peut être flashée à l’aide de tout mobile doté d’une application – téléchargeable gratuitement sur le Web – capable de lire ces codes barres en deux dimensions. L’horizon s’élargit tout à coup : le promeneur découvre ce que renferme la pièce et voyage dans un paysage enrichi, connecté à des données économiques, politiques, culturelles, sociales liées à l’eau dans le monde et à Paris. Une vue panoramique du centre de la capitale s’affiche et se dévoile à mesure que le participant tourne sur lui-même. Des expressions cliquables s’affichent et donnent accès à des informations collectées en temps réel. Produit par COAL (3), à l’occasion de la 21e Conférence des Nations Unies pour le Climat, ce dispositif interactif rappelle l’urgence du défi climatique et incite les Parisiens à réfléchir aux enjeux liés à leur environnement. Il propose une sorte de jeu, sans en expliquer les règles. Le doigt qui ausculte l’écran peut également créer une étoile qui viendra s’inscrire dans un ciel virtuel. Chacun pouvant ainsi marquer symboliquement sa participation. Depuis le projet CrossWorlds, débuté en 2007 au musée Guggenheim de Bilbao, Olga Kisseleva utilise les codes barres en deux dimensions pour déployer un langage artistique à « géométrie » variable. Des figures, des symboles, toujours en prise directe avec la réalité complexe de notre époque. Le promeneur, lui, doit s’interroger, agir pour y accéder et ensuite se laisser intéresser. Il n’y a pas d’initié qui ne veuille l’être, pas de mystère qui ne soit caché.

(1) Nom de l’exposition qui s’est tenue en 2014 au Centre des arts d’Enghien-les-Bains. Mondes sensibles évoquait la fragilité du monde et les risques qu’il encourt aujourd’hui du fait de l’activité des hommes.

(2) Une production Coal pour ArtCOP21, en partenariat avec le Laboratoire Art et Science, Institut ACTE UMR 8218, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – CNRS, l’Agence Parisienne du Climat et Météo France, Eau de Paris, CPCU, ErDF. Coordination : Etienne Delprat, montage : Collectif YA+K, développement du datascape : Buzzing Light.

(3) L’association COAL, Coalition pour l’art et le développement durable, a été créée en France en 2008 par des professionnels de l’art contemporain, du développement durable et de la recherche dans le but de favoriser l’émergence d’une culture de l’écologie.

Olga Kisseleva

Crédits photos
Urban Datascape ©Olga Kisseleva
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