Art Paris Art Fair ouvre demain, au Grand Palais, les portes de son édition 2015. Affichant sa volonté de faire la part belle à la scène internationale de l’art contemporain, la foire accueille quelque 145 galeries dont la moitié sont étrangères. Après la Russie en 2013, puis la Chine en 2014, c’est au tour de Singapour et de l’Asie du Sud-Est d’être plus particulièrement mis à l’honneur cette année. Une sélection, qui passe aussi par Amsterdam, Casablanca, Saint-Pétersbourg ou encore Sarajevo, à découvrir jusqu’au dimanche 29 mars.
« Découverte et exploration sont les maîtres-mots d’Art Paris Art fair 2015, affirme d’emblée, dans son éditorial, le commissaire général de la foire Guillaume Piens. (…) Fidèle à son concept du régionalisme cosmopolite, cette édition explore le territoire européen et ses scènes singulières de Bucarest à Milan, de Münich à Zürich, tout en accueillant la création venue de rivages plus lointains. » Parmi eux, ceux de Singapour, petite cité-état devenue en 50 ans – et qui pleure cette semaine l’artisan de sa réussite, Lee Kuan Yew, décédé lundi 23 mars – la plaque tournante économique du Sud-Est asiatique et une vitrine de plus en plus florissante de la création artistique contemporaine des pays environnants que sont la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande, le Vietnam, les Philippines, le Cambodge et même le très fermé Myanmar. Qu’il s’agisse du XXe comme du XXIe siècles, les arts plastiques de ces pays « restent largement méconnus en Europe et ont fait l’objet de peu d’expositions », écrit pour sa part Iola Lenzi, chercheuse et commissaire d’exposition, qui s’est vue confier l’organisation de ce focus sur cette scène artistique dont elle est spécialiste. « L’art contemporain d’Asie du Sud-Est possède une voix puissante, autonome et polytonale qui exprime la nature hétérogène de cette région, précise-t-elle. Carrefour historique de commerce et d’échange entre les peuples et, plus tard, couloir de la colonisation ouverte aux idées européennes, le Sud-Est asiatique est toujours aujourd’hui une des zones au monde les plus riches d’un point de vue tant linguistique, que politique et religieux. (…) L’ancrage dans la tradition du conte, la tendance à la narration, la métaphore et l’allusion sont autant de caractéristiques qui définissent l’art d’Asie du Sud-Est. » Et dont les huit établissements singapouriens se font le témoin de manière diverse. Alors que Art Plural gallery choisit, par exemple, de mettre l’accent sur des artistes nouant un dialogue entre Orient et Occident – tels le Coréen Chun Kwan Young ou la Française Fabienne Verdier –, la galerie Intersections met plus particulièrement en lumière la création birmane – à travers les œuvres de Phyu Mon et de Nyein Chan Su –, tandis que Chan Hampe galleries opte pour un solo show autour de l’œuvre photographique, célébrant le quotidien et l’ordinaire, du jeune artiste singapourien Dawn Ng. A noter la présence du Singapore Tyler Print Institute – lieu de renommée internationale dédié à la gravure et à l’édition – qui présente le fruit de collaborations menées ces dernières années avec le Thaïlandais Rirkrit Tiravanija, le Coréen Haegue Yang et le Singapourien Heman Chong. Enfin, jeudi 26 et vendredi 27 mars, deux séances de projection consacrées aux œuvres vidéo d’une douzaine d’artistes originaires du Sud-Est asiatique sont proposées aux visiteurs – respectivement de 12 h à 14 h et de 12 h à 15 h 45 – dans l’auditorium MK2 du Grand Palais. Parmi les autres spécificités de cette édition 2015, citons le choix opéré par quelque 35 galeries de proposer un solo show, offrant de plonger dans l’œuvre d’artistes à la réputation déjà bien établie, à l’image de Gérard Fromanger (chez Caroline Smulders), Ivan Messac (chez Baudoin Lebon), Jean-Pierre Pincemin (chez Jacques Elbaz) ou encore Sam Szafran (chez Claude Bernard), comme de découvrir des talents en devenir, tels Léa Bénétou (galerie des Petits carreaux), Ren Hang (chez Nicolas Hugo) et Radenko Milak (chez Duplex 100 m2 & l’Agence à Paris). La jeune création se voit par ailleurs mise à l’honneur, pour la troisième année consécutive, sur les stands des douze galeries françaises et internationales – de moins de cinq ans et participant pour la première fois à la foire – réunies dans la section Promesses.
Forte du succès remporté l’année dernière par la projection nocturne sur la façade du Grand Palais de l’œuvre numérique de Miguel Chevalier, L’origine du monde, Art Paris Art Fair renouvelle l’expérience avec Waterfall on Grand Palais (2015), création signée par le collectif japonais teamLab, A Concentric Study (2015) de Dominic Harris et la splendide installation vidéo de mounir fatmi : Les Temps Modernes – Une Histoire de la Machine (2010). A savourer sans modération tous les soirs, jusqu’à dimanche, de 18 h à minuit.
Pour aller plus loin
Trois conférences ponctueront les deux premières journées d’Art Paris Art Fair sur des thèmes variés : une première table ronde – organisée, en anglais, jeudi de 14 h 30 à 16 h 30 – entend faire le point, avec plusieurs responsables singapouriens, sur l’état et l’action du réseau institutionnel d’art contemporain du Sud-Est asiatique. Les deux autres se tiendront vendredi sur les thèmes suivants : « Du design à l’objet d’art, les nouvelles technologies à l’amorce de la création » – de 16 h à 17 h 30 – et « La toile, l’autre peau du monde, dialogue autour de Gérard Fromanger » – de 18 h à 19 h 30 –. L’occasion (rare) d’écouter les artistes Cécile Le Talec et Miguel Chevalier, ainsi que les designers Alexandre Fougea, Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard dans le premier cas, puis Gérard Fromanger, entouré des peintres Eric Corne, Damien Deroubaix et Iris Levasseur, dans le second.