A Tokyo – Disparition de Seiko Mikami

La Tama Art University, à Tokyo, a fait part ce mardi sur son site Internet de la disparition, le 2 janvier dernier, de l’une de ses enseignantes : l’artiste Seiko Mikami. Née en 1961 à Shizuoka, au Japon, elle avait étudié l’informatique et vécu à New York dans les années 1990, avant de revenir s’installer dans la capitale de son pays natal. L’information, en tant que données, la société et le corps humain étaient les thèmes centraux d’un travail entremêlant avec subtilité notre perception et celle des machines. A l’automne 2013, dans le cadre de notre e-magazine consacré aux relations entre art et sciences, Seiko Mikami avait accepté de commenter pour nous l’une de ses œuvres, Desire of Codes, une installation développée en 2010 pour le Center for Arts and Media de la ville japonaise de Yamaguchi. Nous mettons ici en ligne les propos recueillis à l’époque pour une dernière incursion en sa compagnie aux frontières du réel et du virtuel.

« La science et la technologie ont toujours joué un rôle clé dans ma pratique. Desire of Codes évoque les frontières ambiguës, propres à notre société d’information, entre les données du monde virtuel et celles, physiques, du monde réel ; chaque visiteur étant à la fois objet d’expression et d’observation. L’installation se décompose en trois parties. La première regroupe 90 assemblages, ressemblant à des antennes d’insectes, assortis de petites caméras de surveillance et répartis sur un mur blanc (Ninety Wriggling Wall Units). Six bras mécaniques articulés, équipés de caméras vidéo et de projecteurs laser, sont pour leur part accrochés au plafond (Six Multi-perspective Search Arms). Enfin, un écran rond de 4,7 m de diamètre – rappelant l’œil composé d’un insecte, car muni de 61 facettes hexagonales – est installé au fond de l’espace d’exposition (Compound Eye Detector Screen). A l’entrée d’un visiteur, les dispositifs muraux se mettent à clignoter et se tournent ensemble vers la personne, dont les moindres actions et bruits sont enregistrés par les caméras et micros avant d’être transmis à une base de données centrale, qui relaiera ensuite les images vers le Compound Eye Detector Screen. Les caméras vidéo et lasers des six bras articulés suivent eux aussi le mouvement du visiteur, qu’ils enregistrent et projettent simultanément. Peu à peu, la base de données s’enrichit d’images de sa peau, de ses yeux ou encore de ses cheveux. S’y adjoignent des images de surveillance enregistrées dans des espaces publics du monde entier. Le tout est projeté en continu et de façon aléatoire sur le grand écran rond. C’est comme si le spectateur visualisait un rêve segmenté, ou une multitude de souvenirs remontant tous d’un même élan à la surface. Le Compound Eye Detector Screen offre une nouvelle réalité, dans laquelle l’espace et le temps sont fragmentés avant d’être recomposés. Il met aussi en exergue cette volonté de contrôle et ce besoin d’information qui caractérisent l’homme. Le son est également très important : des voix des visiteurs au bruit des machines en action, tout est enregistré, puis remixé pour composer une bande-son propre à l’installation, elle aussi continuellement mise à jour. »

Seiko Mikami, photo Fundación Telefónica
Seiko Mikami

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Plus d’infos sur www.idd.tamabi.ac.jp et www.ycam.jp
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Desire of Codes © Seiko Mikami, photo Ryuichi Maruo courtesy Yamaguchi Center for Art and Media,Desire of Codes © Seiko Mikami, photo Ryuichi Maruo courtesy Yamaguchi Center for Art and Media, © Seiko Mikami, photo Fundación Telefónica
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