Diplômé en 2012 des Arts décoratifs de Paris, Bruno Albizzati a choisi de se distinguer. Né en 1988, il est le seul membre de sa famille à ne pas avoir choisi la science comme domaine de prédilection. Enfant, il voulait être poète. Aujourd’hui, c’est avec le geste qu’il s’exprime. Le jeune dessinateur expose actuellement à Paris, avec Caroline Corbasson, à la Galerie Antonine Catzeflis.
Bruno Albizzati a passé des semaines à Moly-Sabata, une résidence ouverte aux plasticiens et aux écrivains en région Rhône-Alpes au cours de laquelle il a conçu Combustibles, projet présenté en février et mars au Centre d’art contemporain de Saint-Restitut, dans la Drôme. « Ce nom est une référence au fusain que j’utilise, ce bois carbonisé, cette énergie que l’on brûle et qui me sert à dessiner. » A la base de son travail, il y a souvent une image prélevée dans l’immense chaudron de l’histoire de l’art ou une photographie. A plusieurs, elles jonchent le sol de l’atelier, prêtes à être observées sans jamais être reproduites. « C’est un substrat. » Au sol aussi, le papier. « Je travaille la poudre de fusain, mélangée à du graphite, avec des balais, des chiffons et d’autres outils encore. » La poussière informe se transforme alors en matière picturale. De l’abstraction à la figuration, du noir et blanc à la couleur, du petit au grand format, le jeune artiste affectionne les écritures opposées, mais jamais contradictoires. « J’aime que les choses soient poreuses. J’attache de l’importance aux notions d’apparition et d’entre-deux, ainsi qu’aux jeux d’échelles. » De plus en plus intéressé par la mise en espace de son dessin, il introduit du volume là où, habituellement, il n’y a que surface plane. Au mur, des papiers froissés s’arc-boutent. Témoins d’une réflexion en gestation. « Enfant, je dessinais beaucoup. Cette pratique était aussi bien un moyen d’expression que d’évasion. Quand j’étais petit, je disais que je voulais être poète, j’ai également pris des cours de théâtre. Plus généralement, la littérature possède une place essentielle dans ma vie. » Bruno Albizzati a grandi entouré de parents ingénieurs. L’attrait pour les sciences érigé en tradition familiale le pousse un temps à envisager des études d’architecture. Un compromis dicté par la raison, mais jamais suivi d’effet. Après un séjour à New York, chez une amie introduite dans le milieu des arts, il comprend que tout est possible. Le bac S en poche, il passe une année en prépa à l’Atelier de Sèvres, réussit les concours aux Beaux-Arts de Paris et aux Arts décoratifs. Il tente de mener un double cursus, mais finit par abandonner les premiers au profit des seconds. La rédaction de son mémoire de fin d’études marque une étape importante. Il choisit de plancher sur le blanc dans le dessin contemporain, ou comment les espaces de réserve participent à l’œuvre. Sujet qu’il peaufine encore aujourd’hui. Quelques mois de stage à Shanghaï dans une agence de communication le dissuadent de devenir graphiste, tandis que la ville fait naître en lui de nombreuses émotions visuelles. « Son ambiance brumeuse, avec son ciel aux teintes post-apocalyptiques, était stimulante pour l’imagination ! » En juin 2012, il obtient son diplôme en présentant un ensemble de dessins, de peintures, une installation et deux livres. « Je voulais créer des poèmes visuels, des sensations, sans narration, sans références d’aucune sorte », explique-t-il à propos de ces derniers. Oraison d’In-Quiétude est le titre de l’un d’entre eux.