Victor Soren | Pénombres

« La question de l’animalité hante  Victor Soren. Ses bêtes sont des monuments. Elles sont frontales, hiératiques; elles se tiennent face à votre œil, immobiles comme des pierres; ce sont  des blocs d’intensité, froides et sombres; lasses, archaïques, blessées, d’une dignité muette et compacte; ou alors, elles viennent vers vous dans un mouvement infini, presque figé, comme si le temps était écorché, exténué. Les bêtes de Soren sont incarnation et blessure –amputation, déchirure de la chair, pansement entaché de sang, couture défigurante. C’est une mise en espace d’un silence et d’une blessure, qui nous regardent, et ce qui vient à nous, vers nous, avec une lenteur d’astre mort, ce sont cette déchirure, ces cicatrices, cette blessure – une béance, qui est en même temps supplication muette, cri inaudible ou spasme; le travail que Soren accomplit sur et à partir des matières, donne aux figures une consistance qui les rend toujours plus présentes et palpables…» – Extrait de la postface de « Bestiaire suivi de Pénombres » de J-M Maubert, éd Maurice Nadeau mars 2017.