« Le temps ne fuit pas, c’est nous qui le dispersons à grandes enjambées. Parfois malgré nous, souvent par dépit. On essaie de l’oublier, de le masquer, de le transformer, en vain. Lui ne nous nie jamais. Il est au final notre seule constance, notre seule certitude. Courageux et bienheureux ceux qui l’accueillent sans le craindre. Ces êtres me fascinent car ils portent le temps comme un témoin inexorable de leur existence, ils en reconnaissent l’épreuve et ils ne craignent pas ses preuves. Je ne photographie pas les êtres pour prendre mais pour comprendre nos silences et nos errances. J’aime une image lorsqu’elle n’est pas esclave de son époque, lorsqu’elle arrive à contourner son essence périssable pour toucher l’indicible, l’intemporel. J’aime la photographie qui sort du cadre chronologique, celle qui se fraye un chemin entre l’apparent et le latent. Comme un futur antérieur qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. (...) Et si le temps n’avait pas d’emprise sur nous ? Et si nos visages, nos mains et nos corps n’étaient qu’une illusion, qu’un jeu de plus de l’implacable temps ? Je photographie ceux qui se souviennent de l’éphémère et qui acceptent l’idée du passage. Tout ceux qui ne trichent pas. A quoi bon ? Dans l’œil du vieux sage, les rêves de l’enfance ne meurent jamais. Immortel celui qui déploie ses ailes d’un seul regard. » Nikos Aliagas. Visuel : © Nikos Aliagas.
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