Chaumont-Photo-sur-Loire 2021

Cette quatrième édition de Chaumont-Photo-sur-Loire rassemble quatre artistes ou duo d’artistes liés par leur émotion devant le paysage, toujours se tenant devant lui, selon la belle formule de François Cheng, "œil ouvert et cœur battant", que ce paysage soit admiré sans réserve pour sa splendeur ou envisagé dans toute la complexité d’une beauté meurtrie par l’action humaine. Être photographe, c’est se tenir les yeux grands ouverts, en toutes circonstances. Or qui se tient aujourd’hui les yeux ouverts fait face à deux extrêmes : d’un côté, la beauté du monde toujours là, d’une force intacte, dilacérante, à pleurer d’émerveillement ; de l’autre, l’horreur de ravages irréversibles infligés par les activités humaines à l’environnement. Ces deux pôles antagonistes et qui pourtant caractérisent notre monde tous deux au même degré, la française Tania Mouraud et le canadien Edward Burtynsky ont choisi de les envisager d’un seul regard. L’un et l’autre présentent des séries qui ont pour sujet des paysages saccagés et dont les images, pourtant, sont d’une beauté sublime, comme picturale. Comme l’écrit dans L’Œil esthétique Jacques Rancière, auteur d’un récent essai en dialogue avec la série de Raymond Depardon présentée, La ferme du Garet : “Il n’y a pas de révolte devant l’intolérable qui ne passe par la satisfaction d’un regard esthétiquement formé. [...] Il ne faut donc pas demander au témoignage d’être “moins esthétique” pour mieux transmettre son message. Enfin, Clark et Pougnaud, duo de photographes français, apportent leur regard plein de fantaisie, mais non sans profondeur, sur le paysage idyllique qui fut un temps leur Eden, contemplé avec une contagieuse ferveur créative. Visuel > Uralkali Potash Mine #2, Berezniki, Russia, 2017 © Edward Burtynsky, Courtesy Nicholas Metivier Gallery, Toronto.