Camille Blatrix

« Les sculptures de Camille Blatrix, qu’il nomme “objets émotionnels”, s’apparentent à des productions industrielles étranges, artefacts improbables issus d’une société techno-capitaliste déviante. Ses médiums de prédilection (bois, aluminium, verre…), alliés à des savoir-faire complexes (comme la modélisation 3D), sont travaillés comme dans des processus d’usinage, quoique ici tout relève de la main, avec une rigueur et un soin obsessionnels. En découle une finition impeccable, dont la froideur formelle est contrebalancée par la présence indicielle de motifs relevant de l’intime (feuille de papier déchirée, notes manuscrites, fleur ou larmes). Un peu comme si une facture exagérément industrieuse devait recouvrir un registre d’intensités émotionnelles pour le canaliser, le standardiser et le diffuser. Dès lors, ces objets-simulacres à l’usage incertain, hésitant entre fonction et ornementation, dérivent vers l’imaginaire, l’onirisme ou le surréalisme. Ils entretiennent une forme de séduction et de sensualité dont on ne sait si elle résiste ou au contraire résulte de leur caractère “corporate”.  Autour de ces objets ambigus, l’artiste pratique également le dessin et réalise des tableaux en marqueterie qui incluent des motifs figuratifs, là encore hésitant entre symbolisme pictural, allégorie et communication graphique. Le tout forme une œuvre troublante jouant sur des tensions entre design et sculpture, raison et désirs, naturalité et artificialité. » Guillaume Désanges, commissaire de l’exposition. Visuel : pièces signées Camille Blatrix. Photo Dario Lasagni courtesy galerie Andrew Kreps et galerie Balice Hertling.