Invitée au CAC Brétigny par l’équipe du centre d’art1, Camille Bernard, jeune peintre franco-écossaise, présente la série Nid, un nouveau groupe de peintures qui donne son nom à l’exposition. Faire des nids, c’est imaginer des façons de vivre et de faire dans un monde en perpétuel changement. C’est se ménager des lieux, plutôt qu’en aménager; préférer des opérations discrètes et patientes, sérendipitement laborieuses, à une occupation virile de l’espace et du temps. Construire des nids, non pas pour se retirer du monde, mais pour lui faire face. Les meilleurs abris sont ceux dont on peut partir à tout moment, ceux qui autorisent le refus et le désir de changement. Les personnages des tableaux de Camille Bernard le savent, cherchant à réinventer plutôt qu’à s’abriter. Et la réinvention, c’est à plusieurs. Ça passe par l’amitié, par le groupe. Que ce soit dans l’affairement mou, en s’attelant tantôt à élever une coupole de branchages, tantôt à jouer du bout de la langue avec des gouttelettes d’eau; ou dans l’inaction, à l’image de ce trio pensivement absorbé sous des ondulations de fleurs et de lianes, les toiles de l’artiste irradient d’une tranquillité suave et frémissante. Les personnages font corps les uns avec les autres, nichant dans une nature qui embrasse leur activité, comme leur ennui. On s’y réunit, on s’y active, mais on s’y absorbe et on s’y assoupit aussi. On y fait des trucs sans savoir forcément quoi, pour le plaisir de faire. Un peu comme à l’école buissonnière, celle dont on a repoussé les murs et qu’on a choisi de faire sienne. Avec les artistes invités, Corentin Darré, Simon Lahure et l'Ǝcole. Visuel > Camille Bernard, Nid (Abri), huile sur toile, 120x120 cm, 2021. Courtesy de l'artiste.
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