Audrey Perzo | Le Crépuscule des formes

[...] La peinture d’Audrey Perzo procède de l’architecture, du design, et de l’espace en général. Les lignes qui la traversent témoignent d’une géométrie appliquée, faite de pavements, de plans, de lignes de fuite, de volumes, de cercles et de carrés. La peinture est en cela "medium" au sens strict, c’est-à-dire qu’elle est un moyen d’accueillir et de transmettre autre chose qu’une forme ou une couleur définies, comme un conduit accompagnant des  énergies potentielles. Aussi, se constate une poétique du bricolage où le brouillon, la maquette, le schéma et la cartographie sont moins marqueurs de repentirs et de travaux préparatoires que du travail en soi. Mais ces formes nettes sont rendues floues par le biais de plusieurs truchements : reflets, transparences, dispositifs membranaires. Leur précision première fait place à l’instabilité, au vaporeux, au tremblement. Par exemple, elles s’animent à travers un verre dépoli noyant les contours comme des fumerolles de pensées ou de silhouettes à la dérive. Ce sont dès lors des caractéristiques temporelles qui s’immiscent dans l’espace plastique puisque les formes sont poreuses aux éléments changeants qui les entourent : le mouvement, la lumière, l’environnement, les corps. Ce travail est donc un travail sur l’atmosphère et s’ouvre vers le spectateur qu’il place en son sein comme au milieu d’un paysage. Voyons-nous parce que nous voulons voir ou parce que quelque chose, au coin de l’œil, semble nous regarder ? [...] Extrait du texte de Elora Weill-Engerer. Visuel > Audrey Perzo, Le crépuscule des formes, maquette de l'exposition, 2022 - crédit photo : Audrey Perzo.