Armin Linke | L’apparence de ce qui ne peut être vu

« Cette exposition, initiée par le ZKM, présente un dispositif expographique original, alliant aux photographies des commentaires audio, et offrant une lecture de l'archive photographique de Armin Linke de la part de scientifiques, de philosophes et de théoriciens, notamment Ariella Azoulay (voir son exposition Act of State at le CPG en 2009), Peter Weibel et Bruno Latour, entre autres. Armin Linke et Bruno Latour ont travaillé ensemble à plusieurs reprises au cours des dernières années dans le cadre de leur recherche sur l'anthropocène. (...) Armin Linke est un des très rares photographes contemporains à avoir conçu son travail très tôt comme une archive de son propre temps, pour devenir ainsi le chroniqueur de la globalisation moderne, sans suivre l’agenda des mass media. (...) Persuadé que l’ère digitale ne change pas grand-chose à la prise de vue (une camera obscura qui enregistre sur une surface photosensible des rayons de lumière reflétés par les choses et objets de la réalité tangible), mais beaucoup à son traitement, sa circulation, voire sa dématérialisation, il met les techniques digitales les plus avancées à son service. (...) Le travail d’Armin Linke est porté par une profonde conviction : une seule image photographique, surtout telle que le marché la célèbre, ne peut refléter la complexité de notre monde. Il va plus loin et provoque des narrations multiples. Et il est porté par un désir non plus pas habituel pour un photographe : travailler en équipe, renonçant au statut de l’artiste omnipotent qui travaille seul dans des hauteurs inatteignables au commun des mortels. (...) The Appearance of That Which Cannot Be Seen est l’aboutissement des recherches qu’Armin Linke mène depuis 20 ans. Cette fois-ci, l’artiste a invité pour commenter ses images des théoriciens des champs les plus divers, allant de la sociologie aux arts, de l’architecture à la paléobiologie, de la géographie à l’histoire des sciences. Il leur demande de choisir des photographies dans son trésor, qui en compte aujourd’hui plus d’un demi-million. Ainsi, par leurs voix qui résonnent dans l’espace d’exposition et par leurs textes donnés à lire dans un fascicule à emporter, l’archive reste vivante, sans qu’une unique narration soit imposée. Armin Linke réussit le tour de force de ne pas seulement représenter des espaces mais aussi de créer de l’espace avec un dispositif laissant les murs vides et proposant une nouvelle expérience de l’espace d’exposition. » Joerg Bader, directeur du Centre de la photographie Genève. Visuel : Star City, Centre de formation des cosmonautes, Moscou, Russie, Armin Linke, 1998.