Anne-Sarah Le Meur | Lumière limite

Depuis une trentaine d’années, Anne-Sarah Le Meur utilise sur un clavier pour créer des images. Inlassablement, elle tape et teste ses lignes de code, ses variables, ses boucles, ses conditions, pour explorer et régénérer la couleur en des tableaux mouvants et infinis. « Alors même qu’Anne-Sarah Le Meur utilise les outils numériques, désormais mondialisés, permettant une circulation insensée des images en lieu et place de la possibilité de dire ou d’être, elle nous reconduit à cette expérience du voile aniconique (ie : sans images). Ce voile, en tant que seuil vibratoire, interdit la fusion et proclame l’intervalle vide (appelé par Rothko « le quelque part entre »). Il proclame la résistance du sujet aux forces inquiétantes et hypnotiques de la communication et de la consommation généralisées des images. Par l’assombrissement des rouges et l’opposition indécidable entre le pourpre violacé (TeKèleT) et le pourpre incarnat (ArGaMaN), ce voile, retravaillé de façon laïque et immanente par notre artiste, impose de nous tenir à une distance contemplative et méditative de toutes les oppositions morales et, particulièrement celles des figures archaïques du bien et du mal. Cette distance permet alors le suspens nécessaire de l’agir. Ainsi, Anne-Sarah Le Meur nous invite à considérer que la vocation de l’art n’est pas de refléter les décisions du pouvoir » , écrit pour l'exposition Jean-Rodolphe Loth, critique d’art pour Octopus. Visuel> Lumière limite ©Anne-Sarah Le Meur