Lunettes noires et chambre claire | Exposition collective

Lumières de Roland Barthes est un double projet d’expositions se déroulant au Centre d’art image/imatge à Orthez et au Frac Aquitaine à Bordeaux, présenté dans le cadre de la célébration nationale du centenaire de la naissance de Roland Barthes. « Au centre d’art image/imatge se déploie le volet le plus personnel des deux expositions. Intitulé Lunettes noires et chambre claire en référence à un des Fragments d’un discours amoureux (1977) et à La Chambre claire (1980), la sélection d’œuvres de la collection du Frac Aquitaine met en scène le retour vers la maison familiale, chaque été, mais aussi vers les lieux de l’enfance et des souvenirs. Visible de l’extérieur, l’œuvre Forgerie de Vincent Meessen cite Barthes et invite le spectateur à considérer que “Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman” (Roland Barthes par Roland Barthes, 1975). (...) L’entrée de l’exposition se fait du côté de la vie publique avec l’œuvre de Robert Barry, Returning, une autobiographie elliptique en texte et image par un autre « R. B. ». Cette face claire est ponctuée de promenades vespérales, lectures, repas de famille et remémorations de souvenirs communs, avec ses taches aveugles : les œuvres de Christian Boltanski, Dove Allouche, David Coste, Hamish Fulton et Laurent Kropf plantent un décor connu d’où surgissent les liens singuliers qu’un sujet peut entretenir avec sa propre histoire, ses lieux familiers et avec certains vides dans l’existence. De l’autre côté, la face obscure fait pénétrer le spectateur dans une vie intime et fantasmée, hautement fictionnelle, celle de la rêverie et du désir homoérotique chez Barthes. Les lunettes noires sont celles que l’amoureux porte pour cacher ses émotions, c’est donc dans cette semi-obscurité que se situent les œuvres de Robert Mapplethorpe, représentant de l’underground gay new-yorkais que Barthes avait déclaré son photographe préféré, les académies de Duane Michals, les portraits de Pierre Molinier ou Pierre & Gilles ou encore les gigolos de Pierre Keller. Cette face obscure de la vie intime se ferme avec le tableau vivant d’Ulla von Brandenburg, Reiter, mise en scène sado-masochiste d’un prince allemand qui n’est pas sans rappeler les frasques photographiques du baron Wilhelm von Gloeden sur lequel Barthes médita. » Magali Nachtergael, commissaire de l’exposition. Visuel : Reiter, Ulla von Brandenburg.