« Faucheur est autant attiré par la lumière que par l’ombre. Dans les deux cas, il se cache autant qu’il se montre. Il en est de même pour sa peinture. Il a toujours pris soin de faire disparaître l’objet de son délit. Les Ripoulin abandonnaient dans la rue leurs peintures mais pas leur ambition. Ils croyaient au crime parfait, partant du principe que s’il n’y avait pas de cadavre, il n’y avait pas non plus de crime. Son “travail part toujours de la photographie”, comme il aime à le répéter. Mais en bon franc tireur qu’il est, il s’ingénie toujours à brouiller les pistes, quitte à citer Alain Jacquet sans jamais le nommer. L’image photographique sera triturée, hachée, comme il le faisait au début des eighties en tressant des tirages Polaroïd, pour ne laisser que la trame de la pellicule apparente. L’image de base aura été contrastée au maximum, puis imprimée, c’est à ce moment là que le peintre entre en action et propose ses motifs colorés à l’acrylique. Depuis 2012 sa peinture s’est pixellisée, ce qui lui permet d’interroger son obsession du visage et de sa disparition dans le portrait. La coulure dans ses toiles lui permet de camoufler « l’image de départ ». A partir de là, il peut commencer à expérimenter. Où est la photographie ? est une exposition qui pose une question, celle de la distance qu’il faut opérer avec toute oeuvre, pour qu’elle se révèle dans son entièreté. L’artiste aime semer le trouble, faire ciller le regard des spectateurs hagards. Où se niche la chambre noire dans ces peintures tramées ? Où se niche le négatif sur ces rouleaux de motifs cerclés ? Finalement où se cache Jean Faucheur dans ce travail qu’il porte en lui depuis quarante ans ? » Pierre-Evariste Douaire. Visuel : Toile signée Jean Faucheur.
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