Jusqu’au 30 octobre, au Palais Iéna, sur une proposition de Caroline Smulders, commissaire de l’exposition Le prévu et l’imprévu et avec le soutien de la Galerie Thaddaeus Ropac, le sculpteur allemand Stephan Balkenhol expose une série de sculptures à taille humaine en écho à l’alignement des colonnes de la salle hypostyle conçue par Auguste Perret. Ainsi dialoguent ses personnages avec les lieux – en langue de bois serions nous tenter de dire, avec un certain sens de la provocation dont l’œuvre de l’artiste n’est certes pas dénuée.
Stephan Balkenhol taille ses personnages au maillet et au ciseau directement dans des troncs d’arbres, souvent en bois de wawa ou de cèdre, sans chercher à gommer les traces d’outil, laissant nu l’aspect brut du bois auquel il applique des couleurs pour structurer ses silhouettes. Né à Fritzlar, en Allemagne en 1957, l’artiste aurait commencé à sculpter ses personnages en bois, dès le début des années 1980, en réaction contre l’enseignement conceptuel dispensé à l’Ecole des beaux-arts de Hambourg.
Ses hommes, ses femmes, ses animaux et parfois ses êtres hybrides semblent à la fois distants et à l’écoute du spectateur. « J’essaie de leur donner une expression ouverte aux autres, explique Balkenhol, dont les sculptures, dit-il, ne racontent pas nécessairement une histoire. » Pourtant, il apparait bel et bien pour le visiteur qu’elles renferment quelque chose du secret. Elles sont associées à des socles qui les placent à hauteur d’homme : une manière sans doute pour l’artiste de replacer l’image du corps humain au centre et de réaffirmer, la figuration dans la sculpture contemporaine. Stephan Balkenhol présente actuellement une exposition personnelle au Museum Jorn de Silkeborg, au Danemark, tandis qu’une rétrospective de son œuvre sera visible au Lehmbruck Museum de Duisburg en Allemagne, du 22 octobre 2020 au 28 février prochain.
Au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE), ses personnages dialoguent avec l’architecture de la salle conçue par Auguste Perret : « Je cherche le contraste entre la figuration et l’abstraction de l’architecture », souligne celui qui connaît bien l’œuvre de l’architecte qui concourra à la reconstruction de la ville du Havre, détruite pendant la seconde guerre mondiale. Stephan Balkenhol y a notamment exposé des œuvres grandeur nature sur les façades de ses bâtiments ainsi qu’une sorte de totem hybride, sur la place du Vieux Marché : « Je décide de ce que je fais par rapport au lieu. Il faut que ce soit un endroit qui demande la présence d’une sculpture et il faut que celle-ci questionne le spectateur par rapport à lui-même », poursuit l’artiste. Tandis que le Conseil économique, social et environnemental, qui n’est autre que la troisième chambre constitutionnelle française, rappelle ainsi, par le choix des expositions qu’elle accueille, combien la culture doit occuper une place privilégiée dans le débat public et continuer à enrichir le dialogue plus que nécessaire entre les citoyens.