Les arts sont toujours premiers à La Sorbonne

Pour couronner les festivités textuelles des 15 ans d’ArtsHebdoMédias, une journée d’étude est organisée le lundi 10 février, à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, par Yann Toma et Marie-Laure Desjardins. Miquel Barceló, Dina Germanos Besson, Catherine Braslavsky, Francesca Caruana, Cécile Croce, Marc Williams Debono, David Guez, Norbert Hillaire, Michel Jeandin, Olivier Kaeppelin, Alain Nahum et Martial Verdier discuteront le postulat du sociologue, philosophe et artiste Hervé Fischer, en sa présence : « Les arts sont toujours premiers ». Les échanges seront suivis par le vernissage de l’exposition éponyme, à Sorbonne Artgallery. Nous espérons vous y retrouver nombreux. Attention, si les événements sont ouverts à tous, il faut néanmoins réserver (gratuitement) sa place et télécharger son billet pour accéder à l’université. Cliquer, ici !

« Les arts sont toujours premiers ». Si l’œuvre d’Hervé Fischer en témoigne dès les années 1970, l’affirmation n’a eu de cesse d’évoluer et d’être précisée au fil du temps et de la pensée sociologique et philosophique de l’artiste. Reprise en 2024 pour les 15 ans d’ArtsHebdoMédias, elle a fait l’objet d’un appel à réactions dans l’esprit des dispositifs participatifs de l’art sociologique. Ainsi disciplines et sensibilités très diverses se sont exprimées. Ce sont elles qui viendront se compléter et peut-être s’opposer à La Sorbonne, le lundi 10 février 2025. Voici le programme complet de la journée.

©Hervé Fischer

9 h 30 – Plateau 1
Les arts sont toujours premiers

Hervé FISCHER, sociologue, philosophe et peintre
Martial VERDIER, photographe et directeur de la revue TK-21
Marc Williams DEBONO, chercheur en neurosciences et directeur de la revue PLASTIR
Olivier KAEPPELIN, écrivain et critique d’art
Médiation par Yann TOMA

Pour Hervé Fischer, l’homme du néolithique et l’homme actuel ne sont pas si différents. « Ils communiquent avec des images iconiques, des signes, des rituels, jadis rupestres, qui sont aujourd’hui numériques, mais qui célèbrent encore des mythes et cherchent toujours une réponse efficace face à l’énigme première du monde et de la vie. » Quand en 1971, débute sa pratique d’« hygiène de l’art », le propos est alors de contrer l’exacerbation des avant-gardes, qui indexait la valeur de l’art à sa capacité à être nouveau. La posture de Fischer est anti-avant-gardiste. Le choix des contre-empreintes de main, comme dans les peintures préhistoriques, appuie sa prise de position. Aujourd’hui, il affirme que « Les arts sont toujours premiers, même futuristes, même avant-gardistes, même numériques, même dans le land art, l’art conceptuel, le bioart, l’art sociologique, etc. L’art renvoie au mythe de la création première, qu’il prétend incarner en créant une image du monde, en communiquant avec une vision du monde qui lui est supérieure et mystérieuse, en usant d’un langage symbolique. »

10 h 30 Discussion

©Hervé Fischer

11 h 15 – Plateau 2
Tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel

Cécile CROCE, Professeure des universités en Esthétique et Sciences de l’art, Université Bordeaux Montaigne
Dina GERMANOS BESSON, psychanalyste
Norbert HILLAIRE, Professeur émérite de l’Université Nice-Côte d’Azur en sciences de l’art et des médias, écrivain et artiste
Catherine BRASLAVSKY, compositrice et chanteuse
Médiation par Marie-Laure DESJARDINS

En réponse à la question « Comment se construit une société ?», Hervé Fischer explique combien les imaginaires collectifs déterminent les valeurs et les structures sociales. L’artiste montre en autant de tableaux évocateurs comment nous développons nos facultés à inventer des récits imaginaires et fondateurs. Il affirme que nous vivons avec autant de mythes que les Grecs anciens et souligne que la démocratie, la liberté et le progrès sont ceux d’aujourd’hui. Cette mythanalyse, il la définit comme explorant « les fabulations qui déterminent nos inconscients, nos logiques, nos valeurs, nos espoirs et nos craintes selon leurs déclinaisons sociologiques ». Son postulat déclare, parodiant Hegel, le maître de la Raison dialectique, que « Tout ce qui est réel est fabulatoire, tout ce qui est fabulatoire est réel », mais ajoute que nous devons construire un gouvernail éthique, car « Il ne faut pas se tromper de fabulation et éviter les hallucinations ».

12 h 15 Discussion

©Hervé Fischer

14h15 – Plateau 3
ART ! Avez-vous quelque chose à déclarer ?

Michel JEANDIN, expert en Science des matériaux, ancien Directeur de Recherche à Mines Paris-PSL
Francesca CARUANA, artiste-plasticienne, MCF en sémiotique de l’art
Alain NAHUM, réalisateur, photographe et peintre
David GUEZ, artiste et écrivain
Médiation par Cécile CROCE

Ce panneau de « douane culturelle » est positionné à l’entrée de chacune des expositions d’Hervé Fischer. Cette question sociologique a été fondamentale dans tout le travail de l’artiste-philosophe et elle est devenue mythanalytique. Depuis plus de cinquante ans, Fischer n’a eu de cesse de questionner l’art et son milieu en en dénonçant une approche trop élitiste et conventionnelle et d’interroger le mythe de l’art. Pour lui, l’art est une question sans cesse posée, une réflexion en permanence renouvelée, une expérience à vivre au jour le jour pour mieux interroger les imaginaires sociaux actuels. Théoricien de l’art sociologique, Hervé Fischer a déployé à travers l’Europe et l’Amérique de très nombreux dispositifs participatifs, sans pour autant abandonner ses préoccupations plastiques. Revenant à la peinture en 1999, il questionne les icones du numérique comme celles des peintures pariétales préhistoriques et des sociétés premières. La sociologie de l’art impose une lucidité, mais le mythe de l’art, qui évolue aussi dans la diversité des sociétés et des époques, demeure notre interface première, à la li-mythe de notre rapport au monde.

15 h 15 Discussion

©Hervé Fischer

16h30 – Plateau 4
Il n’y a pas de progrès en art

Miquel BARCELÓ, artiste
Hervé FISCHER, sociologue, philosophe et peintre
Médiation Marie-Laure DESJARDINS et Yann TOMA

En 1979, au Centre Pompidou, Hervé Fischer déclare que « l’histoire de l’art est terminée ». Une performance qu’il renouvellera dans une salle d’attente de la gare terminus des Brotteaux, à Lyon. L’artiste disserte sur la capacité de l’avant-garde à se poursuivre. Le serpent se mord la queue. Qui va succéder à la Trans-avant-garde ? « Je n’ai jamais dit que l’art était fini. J’ai affirmé que le transformer en production historisante avec un grand H inventant chaque jour un truc nouveau ne pouvait mener nulle part. Il fallait que l’artiste retrouve sa liberté, qu’il cesse de penser être en train d’accomplir l’Histoire hégélienne de l’art. Depuis cette époque-là, plus aucun mouvement ne s’est imposé comme moteur principal. L’art se crée tous azimuts. » L’art numérique s’est imposé, mais ce fut son erreur de déclarer les beaux-arts, obsolètes au nom du progrès de la technologie. Nous ne progressons pas dans notre déchiffrage de l’énigme de l’univers et de la vie. Bien au contraire : les religions nous donnaient des réponses, tandis que la science ne pose que des questions, ce qui nuit à sa crédibilité. Dire qu’il n’y a pas de progrès en art, c’est dire en d’autres mots que les arts demeurent toujours premiers.

17 h 15 Discussion

18 h 30 Vernissage de l’exposition d’Hervé Fischer, Les arts sont toujours premiers, à Sorbonne Artgallery, dans la galerie Soufflot du Centre Panthéon de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. En présence de l’artiste et jusqu’à 21 h.

Infos pratiques> Journée d’étude Les arts sont toujours premiers, salle 6, Centre Panthéon-Sorbonne 12, place du Panthéon, 75005 Paris, de 9h à 18h et exposition éponyme du 10 au 28 février 2025, à la même adresse. Pour télécharger gracieusement votre billet, cliquer ici.

Image d’ouverture> ©Hervé Fischer