Disparition de Magdalena Abakanowicz

Magdalena Abakanowicz s’est éteinte dans la nuit du 20 au 21 avril, à Varsovie, à l’âge de 86 ans. Née en 1930 à Falenty, près de Varsovie, dans une famille exilée de l’aristocratie russe, la sculptrice restera marquée par une enfance vécue en solitaire à la campagne, par les violences de la Seconde Guerre mondiale comme par celles du régime soviétique et de la Guerre froide qui s’ensuivirent. Elle avait choisi l’imagination pour refuge et l’Homme pour sujet d’exploration. Magdalena Abakanowicz avait fait ses premiers pas en 1962 à la Biennale internationale de la tapisserie de Lausanne. Elle n’y était pas destinée. C’est un prix remporté lors d’un concours de motifs de tissu qui poussera cette diplômée des Beaux-Arts de Varsovie – elle en sort en 1954 –, section peinture et dessin, à étudier le tissage. Fruits d’une inventivité saisissante, ses imposantes constructions sculpturales tissées feront le tour du monde. L’artiste travaillera par la suite nombre d’autres matières à travers des pièces s’imposant tels des phénomènes naturels. De ceux qui fascinent l’homme. En octobre 2005, elle avait reçu à New York l’Award of International Sculpture Center for the Life Achievements – prix créé en 1991 et récompensant chaque année un sculpteur pour l’ensemble de sa carrière – et prononcé un discours dont voici un extrait : « L’art a besoin que l’on écoute son message, d’être désiré, “bu ”, apprécié comme on dégusterait un vin, sinon il n’a aucun sens. Qu’est-ce que la sculpture ? Elle témoigne, au fil d’une impressionnante continuité, des évolutions de l’appréhension du réel par l’homme et répond à la nécessité d’exprimer ce qui ne peut être verbalisé. (…) De temps en temps, la civilisation tombe en disgrâce et l’art est détruit par le fanatisme et les guerre. Quelques monuments survivent néanmoins, comme autant de témoins des siècles passés. Sans ces repères de son odyssée spirituelle, l’homme serait perdu dans les ténèbres. » Visuel : Magdalena Abakanowicz. Photo Polish Museum of America.
Nous vous conseillons par ailleurs la lecture du portrait de l’artiste écrit par Juliette Calvarin à l’occasion de l’exposition Elles@centrepompidou, présentée en 2009 à Paris.

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