A contre-courant des artistes de sa génération, quand le pop art occupe le devant de la scène Bill Jacklin explore l’univers de la géométrie dans un style proche de l’abstraction et du minimalisme. Peintre obsessionnel et solitaire, tant sur le plan personnel qu’artistique, son œuvre est présente dans les collections des plus grands musées (le British Museum, le Metropolitan Museum of Art de New York, la Tate Britain à Londres ou encore le musée des Beaux-Arts de Budapest…).
A partir des années 1970, pleinement reconnu au plan international, il répond à un besoin impérieux de revenir à la figuration. Fasciné par la nature changeante de la lumière, par son interaction avec l’objet, il n’a de cesse de tenter de la saisir, à toute heure du jour, de l’aube au crépuscule. Le dessin, central dans sa façon d’appréhender le monde, devient alors l’élément révélateur d’une expérience vécue par l’artiste. Connu pour les portraits de vie urbaine qu’il réalise à New York où il s’installe en 1985, à Londres, sa ville natale ou à Venise, c’est l’énergie palpable des grandes métropoles que l’artiste espère capturer et exprimer. La composition rythmée par la lumière, tantôt aveuglante, tantôt fugitive, dévoile une chorégraphie de l’instant où les mouvements de foule figurent l’impermanence des choses, le temps qui passe, mais aussi la vitalité et les tensions générées par la cité. Dans une image plongeante sur une géométrie citadine, les formes se définissent par des étendues de couleur. La touche du pinceau, qui n’est pas sans rappeler celle des impressionnistes, imprime le mouvement en une vision vibrante et floue, mais la particularité de l’œuvre réside avant tout dans la maîtrise exceptionnelle des effets de lumière, Rembrandt ou Turner s’y reconnaîtraient !