Chaleur réconfortante et lumière rassurante ou force destructrice et meurtrière, le feu, objet de fascination et de convoitise engendra la guerre dès la préhistoire ; et depuis des temps immémoriaux il donne lieu à une multitude d’interprétations ambivalentes. C’est sur cette confusion des sens, et des sentiments, suscitée par les diverses représentations que l’homme s’est faite du feu, que Maximilian Moll a appuyé sa réflexion pour élaborer son installation Keep it burning. De la première étincelle jaillie du silex à Hiroshima, que de feux n’ont incendié le monde et que de passions n’ont enflammé les hommes ! De l’étincelle à la fournaise, brûlot ou brûlure, flamme de la chandelle, feux de camp ou de la Saint-Jean, bûchers ou l’Apocalypse, les images se succèdent en un cheminement qui se fait l’écho d’un double langage et d’une démarche iconoclaste. L’artiste allemand emprunte à notre société de consommation, sans chercher à crier gare, certains de ses éléments hautement symboliques pour mieux les réduire en cendres. Après cet autodafé, billets de banque, voitures et maisons mènent ainsi « leur propre existence depuis qu’ils sont passés du statut de métaphore à celui de cliché ».
La projection simultanée de différentes vidéos sur trois murs et/ou parois vitrées du lieu d’exposition (pour mieux exalter la nuit), participe à la création d’un espace offrant plusieurs niveaux de résonances visuelles et sonores. Au milieu des flammes, le spectateur n’a plus qu’à s’y abandonner et laisser resurgir ses souvenirs personnels. Tout naturellement, ils viennent s’immiscer au sein du défilement d’images et participer à une expérience esthétique aussi étrange que fascinante. Créée en 2008, l’œuvre est exposée jusqu’au 18 avril au centre d’art Kunstverein Ruhr, dans le cadre de la programmation de la ville d’Essen, capitale européenne de la culture pour 2010.
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