Hugues Reip – Par-delà les apparences

Le château de Chamarande lui a ouvert grand ses portes et promis une entière liberté d’action pour hanter l’ancienne demeure. Piqué au jeu, Hugues Reip a laissé ses œuvres investir escaliers dérobés et boudoirs, salons et corridors ténébreux, bref s’imprégner de l’esprit des lieux et dialoguer avec lui, en résonance entre science et science-fiction. Parmi la trentaine d’œuvres exposées, douze environ ont été spécifiquement créées pour l’occasion, comme autant de clins d’œil et déclinaisons inspirés d’un tableau d’Hubert Robert, représentation romantique du château de Chamarande tel qu’il était au XVIIIe siècle et revisité ici en version noire : « J’aimerais, dit-il, que le spectateur soit baigné dans une atmosphère peu rationnelle, avec des ruptures d’échelles, des mondes que l’on connaît tous intimement sans y avoir mis les pieds, comme une intuition. » Amateur de littérature fantastique, l’artiste est passé maître dans l’art de métamorphoser le spectateur en compagnon de voyage qu’il entraîne au cœur de ses mondes parallèles, mystérieux et enchanteurs, là où le réel et la fiction ne font plus qu’un, comme une improbable rencontre du troisième type… Hugues Reip s’appuie ainsi sur le dessin, la sculpture, le collage ou l’animation, joue sur les proportions, les notions d’échelle, et part résolument à l’aventure. Aimant à s’engager sur des chemins de traverse, il s’ingénie à détourner scènes quotidiennes et objets familiers et à semer allègrement le trouble dans notre univers sensoriel, nous amenant à douter du bien-fondé de notre perception de la réalité. Affectionnant « l’idée développée par les précurseurs de la littérature fantastique : partir du réel et le vriller à tel point qu’il ne soit plus envisageable », il s’immisce dans nos rêves et nous convie à partager les siens, à le rejoindre aux confins d’un univers singulier et insolite, où l’invisible s’offre enfin au regard.

GALERIE

Sans titre, dessin