René Caussanel dessine et peint depuis ses cinq ans et cette expérience de prime jeunesse continue de nourrir sa démarche actuelle. « Je crois que la peinture a à faire avec l’origine plus qu’aucun autre art, explique-t-il, puisqu’elle rend compte du premier contact avec le monde, avant que nous ne maîtrisions le langage. » Sa dernière série de tableaux témoigne d’une quête picturale toujours en mouvement, suivant le fil de ses souvenirs et s’appuyant sur de grands, voire de très grands formats dominés par des teintes vives et joyeuses. L’artiste part généralement « de l’idée d’un seul motif, une petite bête ou un autre détail, parfois une très vague idée de couleur », les différents éléments venant ensuite tout naturellement s’agencer les uns par rapport aux autres au gré d’une gestuelle à la fois établie, spontanée et novatrice.
Arums, animaux, crânes et bols peuplent son univers hétéroclite et fragmenté, qui s’organise autour du corps, des corps, élancés et aériens maîtres de ballet. « Ils sont le présent. C’est ce qui donne une substance au reste. Tous les autres motifs n’auraient eu ni chair ni impulsion sans les corps. Ce sont eux qui impliquent le mouvement. » Le travail sur la couleur intervient plus tard, il est dense, minutieux, s’affine au gré des strates dévoilant des nuances d’une infinie richesse (le blanc joue les caméléons, le rouge se dérobe et trompe son monde…), et se poursuit jusqu’à « épuisement, mais sans passer par l’acharnement. L’acharnement ne produit rien. L’obstination, c’est différent. Je suis assez obstiné. » L’exposition qui lui est consacrée à Cajarc met en lumière des dessins et peintures réalisés ces deux dernières années dans son nouvel atelier aveyronnais, où l’amplitude de ce nouvel espace offre une tout autre liberté à ses corps en suspens dans les airs.
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