Alors que le rendez-vous estival biennal de la Tate St Ives met en exergue le talent d’une dizaine d’artistes anglo-saxons en Cornouailles, c’est la poésie qui mène la danse dans un petit village de Flandre. Le monumental est quant à lui de mise dans l’immense Submarine Wharf de Rotterdam, comme dans le Gazomètre d’Oberhausen. Intrigués ? Ce dernier extrait de notre e-magazine estival, dédié à la programmation « art contemporain » hexagonale et européenne, est fait pour vous !
Biennale estivale en Cornouailles
Forte du succès remporté par les deux premières éditions en 2009 et en 2011, la Tate St Ives réitère son rendez-vous estival biennal au cours duquel une dizaine d’artistes anglo-saxons sont invités à dialoguer entre eux, tout en entrant en résonance avec l’histoire, l’architecture et la géographie de l’institution établie à la pointe sud-ouest de l’Angleterre. Linder a, par exemple, choisi de mettre en relation directe un ensemble de ses collages avec une sculpture et une série d’objets ayant appartenu à Barbara Hepworth ; un travail de dessin relatif à ses recherches sur son aînée – disparue en 1975 –, mais aussi une vidéo d’un ballet également inspiré par une œuvre de cette dernière, sont aussi présentés. Allen Ruppersberg, RH Quaytman, Gareth Jones, Nick Relph, Patrick Heron et Marlow Moss – ces deux derniers étant morts respectivement en 1999 et en 1958 –, sont les autres acteurs d’une exposition-conversation à tiroirs, et pluridisciplinaire, qui explore combien les modes d’expression, idées et discours s’entrecroisent d’une génération à la suivante.
Jusqu’au 29 septembre.La peinture XXXL à Rotterdam
D’aucuns qualifient le Néerlandais Klaas Kloosterboer d’inventeur, tant sa démarche picturale s’assimile à une expérience perpétuellement en cours sur la forme et la représentation. L’Américain Chris Martin livre, quant à lui, des toiles monumentales dont émane une énergie multicolore hors du commun, voire d’une certaine violence. Avec sa peinture figurative, qui emprunte parfois à l’univers de la BD comme à celui des vieux films, son compatriote Jim Shaw complète le trio en endossant les habits du conteur. Outre le fait d’appartenir à la même génération – tous sont nés dans les années 1950 – ces trois artistes sont les hôtes du Submarine Wharf, un gigantesque entrepôt des docks de Rotterdam, transformé l’été depuis 2010 en un magnifique espace d’exposition, à même d’accueillir les œuvres les plus imposantes comme celles déployées dans le cadre de XXXL Painting.
Jusqu’au 29 septembre. L’art sous le signe de la poésie en Flandre
Watou est un petit village flamand niché juste de l’autre côté de la frontière belge, entre Lille et Dunkerque, qui accueille chaque été – depuis plus de 30 ans – des milliers d’amoureux de poésie et d’art contemporain, abrités dans des lieux insolites tels le vieux cloître, une maison à l’abandon, une église, ou encore la cave d’une brasserie. Panamarenko, Michelangelo Pistoletto, Sofie Muller, Zhang Huan, Jan Fabre, pour ne citer qu’eux, comptent parmi le millier d’artistes ayant exposé à Watou en 30 ans, à l’occasion du festival initié en 1980 par le poète Gwy Mandelinck et son épouse. Il est aujourd’hui conduit par l’association vzw P’ART. Cette année, la thématique annoncée se résume en cette phrase : « A propos de l’amour que nous ne comprenons pas. » Point n’est ici question d’idéalisme ni de romantisme, mais d’amour dans toutes les acceptions du terme, avec ses fissures, ses imperfections et la beauté qui l’accompagne. L’amour parental, les relations amoureuses, l’attachement à un animal, le manque, le narcissisme, l’érotisme sont quelques-uns des thèmes évoqués par les œuvres sélectionnées. Les responsables espèrent pouvoir bientôt rendre la manifestation bilingue, ce afin de mettre la poésie également à portée des francophones voisins. En attendant, il ne vous reste que quelques jours pour découvrir la sélection art contemporain présentée cette année à Watou !
Jusqu’au 1er septembre.
Le projet pharaonique de Christo à OberhausenReconverti en espace d’exposition dans les années 1990, le Gazomètre d’Oberhausen – le plus grand d’Europe –, est considéré comme l’un des vestiges industriels les plus symboliques du passé minier de la Ruhr. C’est dans ce lieu aussi imposant qu’insolite que Christo a déployé son impressionnante création : Big Air Package est un ballon de quelque 90 m de haut, 50 m de diamètre et d’un volume de 177 000 m3. Deux ventilateurs d’une pression constante permettent de maintenir à la verticale la structure – constituée de 20 350 m2 d’étoffe blanche translucide et de 4 500 mètres de câble – dans laquelle le visiteur est invité à pénétrer pour vivre une expérience sensorielle inédite. Au niveau inférieur de l’ancien réservoir, un ensemble de photos grand format, de films et d’esquisses viennent témoigner de cinquante années de travail de Christo et de son épouse Jeanne-Claude, disparue en 2009.
Jusqu’au 30 septembre.
Un coin de Paradis à Anvers
Théâtre d’expériences mêlant arts et nature depuis plus de 60 ans, le musée Middelheim d’Anvers possède une collection unique de sculptures et d’installations – modernes et contemporaines – disséminées pour partie dans son parc. Chaque année, l’institution convie un artiste à venir dialoguer avec ces pièces et leur environnement : Berlinde De Bruyckere, Wim Delvoye, Paul McCarthy et Erwin Wurm ont compté parmi ces invités privilégiés. Lieu d’exposition temporaire inauguré en 2012, l’ancien jardin de fleurs Hortiflora accueille tout l’été My Little Paradise, une exposition collective orchestrée par l’artiste belge Hans Op de Beeck et la commissaire Sara Weyns. Elle rassemble les intentions de sept plasticiens sur le thème du « petit paradis personnel », qui vient faire particulièrement écho à l’endroit, conçu suivant le modèle de l’Hortus Conclusus, un jardin clos chargé de sens dans l’histoire de l’art et la littérature occidentales depuis le Moyen Age : Erasme le considérait comme dédié à la contemplation et à l’introspection ; les commanditaires d’art catholiques y voyaient une métaphore de l’annonciation et une représentation du jardin d’Eden. Les Belges Carsten Höller et Leon Vranken, le Camerounais Pascale Marthine Tayou les Canadiens David Altmejd, Janet Cardiff & George Bures Miller et le Gallois John Cale s’interrogent pour leur part sur la signification historico-culturelle d’un jardin d’Eden et sur la signification sociale contemporaine du paradis. Sont ainsi tour à tour explorés la tension entre le public et le privé, la frontière entre l’espace personnel et psychologique, l’isolement délibéré ou encore l’exclusion involontaire.
Jusqu’au 15 septembre.
Retrouvez cet article et quelque 300 événements estivaux d’art contemporain, sélectionnés par notre rédaction en France et en Europe, dans le numéro spécial Eté 2013 de l’e-magazine pour tablettes numériques ArtsHebdo|Médias. Téléchargez à cet effet gratuitement notre application sur l’Appstore ou sur Google Play.