La quatrième édition de Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne, se tient jusqu’au 14 mars au Centquatre, dans le XIXe arrondissement de la capitale. Comme à son habitude, la manifestation dresse un panorama non exhaustif, mais plein de bonnes surprises, des jeunes talents d’un continent à la sève artistique inépuisable.
Une bouffée de fraîcheur. Telle est la sensation qu’éprouve immanquablement le visiteur de Circulation(s), convié cette année à découvrir un panel de 44 artistes, choisis par un jury de professionnels, originaires de France, de Pologne, d’Irlande, d’Allemagne ou encore d’Ukraine. « Nous voudrions que tous les pays d’Europe soient représentés, explique Marion Hislen, la pétillante présidente du festival, mais pour cela, il faudrait que nous puissions nous rendre sur place. Or étant bénévoles, nous n’en avons pas toujours les moyens. » Car Circulation(s) ne fonctionne que grâce à un réseau de bonnes volontés, réunies sous l’égide de l’association Fetart, créée en 2005 par Marion Hislen pour promouvoir les jeunes talents de l’image. Un fonctionnement certes difficile, mais qui assure au festival une grande liberté dans la sélection des œuvres et au public le sentiment pour le moins séduisant d’accéder à un événement de qualité, se situant hors des sentiers battus de la photographie. « Nous ne faisons pas partie du sérail, nous restons à part », note Marion Hislen. Peut-être est-ce là le secret de la popularité croissante que connaît la manifestation auprès des amateurs de la discipline.
A l’instar des éditions précédentes, les allées de Circulation(s) regorgent de belles découvertes. Cette année, place à des travaux plutôt engagés, qui ouvrent nos yeux sur d’autres réalités. Ainsi, l’Ukrainienne Marina Poliakova a choisi de mettre en scène des hommes dans la nature, de façon très kitch, afin d’interpeller sur la domination masculine constatée dans son pays. Plus loin, Sandra Calligaro, une Française – également lauréate 2013 de la Bourse du Talent dans la catégorie Reportage –, témoigne à travers sa série Afghan Dream de l’émergence d’une nouvelle classe sociale à Kaboul, se situant loin des clichés d’un pays enturbanné et revenu plusieurs siècles en arrière. Quelques très beaux portraits attirent également l’attention, comme ceux de l’Espagnol Rubén Plasencia, qui capture les regards meurtris de personnes atteintes de cécité, ou ceux de la Suisse Delphine Schacher, montrant des jeunes filles transylvaniennes en Petite robe de fête – du nom de la série –, qui font l’effet d’un conte visuel en pleine Roumanie contemporaine.
Photos plasticiennes, reportages, images oniriques, numériques ou argentiques, tous les genres sont ici représentés et tour à tour prêtent à rire, sourire, poussent à s’interroger ou nous laissent interloqués, les frontières d’un état à l’autre étant souvent minces. Pour sa quatrième édition, Circulation(s) remplit donc sa mission de plaque tournante de la jeune photo européenne. Il s’inscrit ainsi dans le mouvement d’autres événements partenaires comme le Belfast Photo Festival, la Biennale internationale de la Photographie de Liège ou encore la manifestation portugaise Encontros da Imagem. Plusieurs écoles sont également invitées et carte blanche a été donnée au parrain de l’édition, Xavier Cannone, directeur du musée de la photographie de Charleroi, qui a choisi de mettre en avant quatre photographes belges. De nombreuses projections, lectures de portfolios et autres activités pédagogiques viennent compléter un programme dense et réjouissant, qui s’étend jusque dans le métro parisien avec la présentation d’une quarantaine de photographies grand format dans seize stations de la capitale. Gardez les yeux ouverts !